Vendre, Acheter, Echanger
|
|
|
|
|
La Gazette des Absents (numéro 18)
chaque jour, au froid ou à la pluie, selon qu'il plaît au ciel de nous gratifier de
l'une ou de l'autre de ces faveurs. Et l'on supporte tout cela avec patience, avec gaieté même ; plaisanterie
et quolibets vont bon train, dans lesquels nos voisins les Prussiens jouent toujours un très grand rôle.
C'est ainsi que chacun concourt, pour sa part, au soutien de la défense, et, dans la crise que nous
traversons, les patients sont tout aussi précieux que les agissants. - On sait que beaucoup des animaux du
Jardin d'acclimatation et quelques-uns du Jardin des Plantes ont été livrés à la consommation. Hier une
boucherie a mis en vente deux chameaux et un jeune éléphant. Les deux chameaux ont été achetés, dit-on quatre
mille francs. - Rue Blanche, autre boucherie non municipale, de chiens, chats et rats. Ici, pas
de queue ; on entre facilement, et on est servi de suite. C'est que la viande de ces quadrupèdes de
second ordre trouve moins d'acheteurs. Cependant les répugnances disparaissent tous les jours, et l'on
arrive insensiblement à absorber sous le nom générique de viande tout ce qui n'est ni légume ni
poisson, sans se préoccuper de l'animal à qui le morceau qu'on mange a pu se rattacher.
LUNDI, 19 décembre. - Pas de rapport militaire.
ACTES OFFICIELS. - Décret disant que, pendant la durée des opérations militaires en cours,
les officiers de tous grades de la garde mobile seront nommés par le Gouvernement, en raison des périls
que l'élection présente devant l'ennemi, et afin que l'autorité puisse appeler au commandement des hommes
dont la capacité est démontrée et récompenser les services du champ de bataille.
Mise à l'ordre, par le général Trochu, des noms des officiers, des sous-officiers à qui leur bravoure
et leur dévouement ont mérité ce haut témoignage de l'estime de l'armée et de la gratitude publique.
Cet ordre est accompagné de paroles d'encouragement adressées à l'armée dans ce patriotique langage auquel
nous a habitués le gouverneur de Paris.
Avis du gouverneur informant le public qu'à partir d'aujourd'hui lundi, à midi, les portes de la
ville seront fermées.
- La Circulaire de M. de Chaudordy. C'est ce matin seulement que nous avons eu connaissance de
la circulaire adressée par M. de Chaudordy aux agents diplomatiques de la France. Elle était dans les mains
du ministre depuis avant-hier, et le retard apporté à sa publication vient du temps très long qu'il a fallu
pour la déchiffrer. Cette pièce qui vient attester de façon irrécusable que la Prusse ne fait plus qu'une
guerre de pillage et de dévastation, mentionne des faits depuis longtemps parvenus à notre connaissance,
mais que nous avions préféré ne pas divulguer tant qu'il ne se trouvaient pas confirmés par un document
officiel. Si longtemps que doive durer le système d'égoïsme et d'indifférence dans lequel l'Europe
semble vouloir définitivement se renfermer, elle ne pourra contester l'évidence de faits dont M. de
Chaudordy s'offre à lui fournir la preuve, et, comparant notre conduite héroïque avec celle de nos
ennemis, elle sera bien forcé de reconnaître que le bon droit est de notre côté. Libre à elle, après
cela, de participer, par son inaction, à l'oeuvre de destruction que la Prusse poursuit avec une
inébranlable ténacité.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Bruits politiques. Annoncé par les uns, démenti par les
autres, le bruit d'un voyage de M. Thiers à Paris semble reprendre créance aujourd'hui, et des journaux
qui n'ont pas l'habitude de parler à la légère regardent la chose comme très probable. Certaines personnes,
|
|
dont l'opinion paraît assez plausible, pensent qu'à la suite de la reprise d'Orléans par
l'ennemi, l'infatigavle patriote aurait songé à tenter une nouvelle démarche auprès de la Prusse, mais
que son projet aurait été arrêté par l'amélioration survenue dans l'état de nos armées. - On reparle
entre temps, de la question d'Orient ; on pense que la réunion d'un congrès ou d'une conférence, est décidée.
Reste à savoir comment et dans quels termes y sera représentée la France, dont le gouvernement n'est
pas encore reconnu, et qui pourtant ne peut être absente d'une révision du traité de 1856. Du reste nos
préoccupations intérieures, nous désintéressent actuellement de la question, et, si l'on se préoccupe de
la conférence, c'est au point de vue de l'influence qu'elle pourrait avoir incidemment sur la solution de la
guerre. - On a été fort intrigué de ne pas voir même nommer dans les dernières dépêches le général
d'Aurelles de Paladines, dont l'opinion publique avait fait, à la suite du succès d'Orléans, le
sauveur suscité par la Providence. Même étonnement au sujet du silence gardé sur M. de Kératry.
Malgré l'absence de tout renseignement officiel, on croît être certain qu'à la suite de l'évacuation
d'Orléans par nos troupes, il se serait élevé, entre M. Gambetta et le général d'Aurelles, un conflit
qui aurait eu pour conséquence la retraite de ce dernier. Quant à M. de Kératry, un journal prétend qu'il
aurait donné sa démission à la suite d'une rencontre malheureuse avec le duc de Mecklembourg.
MARDI, 20 novembre. - Pas de Rapport militaire.
REPONSE du Gouvernement aux reproches que lui adressent certains journaux de compromettre
la défense par ses hésitations, et de ne pas assez tenir le public au courant de ce qui se passe au
dehors, en gardant parfois pour lui les dépêches qui lui parviennent. Sur le premier point le Gouvernement
fait très judicieusement observer qu'il ne pourrait contenter tous les désirs sans tomber dans les
contradictions : il n'a donc qu'à accomplir sans arrière-pensée la lourde tâche qui pèse sur lui, et ici
son programme est bien simple : « combattre l'invasion étrangère jusqu'à ce qu'il l'ait repoussée par
la force ou par un arrangement honorable. » Quant aux dépêches, il n'en garde pour lui que les
appréciations confidentielles, publiant toujours tous les faits qu'elles renferment, et de ces faits
il résulte actuellement que nos troupes de la Loire « forment une armée intacte, prête à donner la
main à Briant vers l'ouest, et à Bourbaki au sud, tandis que Faidherbe opère du côté du nord. »
Appuyé à Paris et hors de Paris sur des troupes résolues, le Gouvernement combattra avec le ferme
espoir d'arriver à la victoire.
DEPART DES BALLONS-POSTE : 17 décembre, de la gare d'Orléans, à 1 h. du matin, le Parmentier,
emportant un voyageur, 154 kilogrammes de lettres et 4 pigeons ; à 1 h. 30, le Gutenberg,
emportant 3 voyageurs et 6 pigeons. - 18 décembre, de la gare d'Orléans, à 5 heures du matin, le Dacy,
emportant un voyageur et 25 kilogrammes de lettres.
Nous avons eu des nouvelles des ballons suivants : Jacquard, Jules Favre, Denis-Papin, Volta.
BOURSE. Derniers cours. 16 décembre : 3 p. 100, 52.45 ; emprunt, 54.40. - 17 décembre : 3 p. 100,
52.50 ; emprunt, 54.40. - 19 décembre : 3 p. 100, 52.60 ; emprunt, 54.50.
D. JOUAUST.
Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.
|
|
|
Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
|
|
|