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La Gazette des Absents (numéro 24)



mission qui leur est confiée, et le Gouverneur les félicite ici de leur rare énergie. »

- Proclamation du Gouvernement. Le bombardement de Paris est commencé. L'ennemi ne se contente pas de tirer sur nos forts, il lance ses projectiles sur nos maisons, il menace nos foyers et nos familles. Sa violence redoublera la résolution de la cité, qui veut combattre et vaincre. Les défenseurs des forts couverts de feux incessants ne perdent rien de leur calme, et sauront infliger à l'assaillant de terribles représailles. La population de Paris accepte vaillamment cette nouvelle épreuve. L'ennemi croit l'intimider, il ne fera que rendre son élan plus vigoureux. Elle se montrera digne de l'armée de la Loire, qui a fait reculer l'ennemi et de l'armée du Nord qui marche à notre secours.

  Décret portant interdiction sous peine d'une amende de 500 à 100 fr., de faire sortir du grain de Paris pendant une période de trois mois après la levée du siège.

INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - La Farine. L'usine Cail a maintenant 300 moulins, pouvant moudre 18,000 kilos de blé par jour : nous n'avons donc pas à craindre le manque de farine. Afin d'économiser le blé, on n'en extrait plus que dix pour cent de son, et l'on obtient ainsi un pain plus substantiel que le pain blanc, et dont le goût agréable est apprécié chaque jour davantage par les consommateurs.

- Le Bois à brûler. Après la panique du pain, nous avons celle du bois. En quelques jours les chantiers ont été vidés, ce qui a obligé le Gouvernement à réquisitionner dernièrement les bois de sciage pour les appliquer au chauffage. Ces bois se vendent maintenant dans seize chantiers, par quantité de 250 à 1000 kilos. Quant au bois provenant des nouvells coupes, il est vendu par petites quantités, dans 22 dépôts désignés par la Mairie de Paris, et répartis entre les différents arrondissements. - La Température. Le froid, qui avait repris avant-hier de l'intensité, a très sensiblement diminué hier soir à la suite d'une petite averse de grésil et de neige. Cet adoucissement de la température ne peut qu'être favorable à nos opérations militaires.

- Notre Devoir. Dans une lettre adressée à la Revue des Deux-Mondes, M. Vitet jette un coup d'oeil rétrospectif sur l'année qui vient de s'écouler, et, malgré les maux sans nombre qu'elle nous a apportés, il ne peut s'empêcher de la bénir pour nous avoir délivrés à tout jamais de l'empire. Un autre événement heureux qui le frappe encore au milieu de nos désastres, c'est que la France ait échappé à une paix hâtive à Sedan, paix honteuse qui eût été notre tourment, et dont l'outrage aurait été à peine lavé, dans la suite, par des flots de sang. M. Vitet termine sa lettre en résumant, dans les lignes que nous allons transcrire, le devoir de la province et celui de Paris :

« Vous, Français de départements non encore envahis ou même à demi occupés, levez-vous, armez-vous, accourez à l'envi ; allez grossir et renforcer ces armées, notre suprême et ferme espoir ! Surtout soyez unis ; acceptez franchement et par la vertu civique ce que peut-être vous n'auriez pas choisi, ce qui a d'ailleurs le privilège de vous diviser le moins. En l'arrosant de votre sang, faites-la vôtre et prenez-la cette république ; donnez-lui un baptême nouveau. Acceptez même qu'on vous commande d'une façon plus hasardeuse et moins modestement peut-être que vous ne l'auriez voulu : avant tout, la force par l'union ! S'il y a des choses à redresser, ce sera l'oeuvre d'une puissance devant qui tout fléchira, l'oeuvre de la nation ; mais pour qu'elle exerce à son heure sa souveraine autorité, il faut d'abord une patrie, c'est-à-dire un sol affranchi : que ce soit là votre unique pensée !

    «Nous, Parisiens, continuons notre tâche ; laissons à nos frères du dehors le temps de nous donner la main. Et d'abord, nous aussi, ne nous divisons pas. Y a-t-il donc depuis quelques jours, sous le plus vain prétexte, y a-t-il dans l'air, comme on veut le faire croire, je ne sais quel mauvais germe du 31 octobre, la plus honteuse maladie qui pût tomber en ce moment sur nous, le seul obus prussien dont les éclats pussent être mortels ? Vous laisser décimer, vous, dépositaires fortuits d'un pouvoir qu'à vous tous, en faisceau, vous pouvez à peine exercer, mais ce serait détruire en une heure nos cent-huit jours de siège, ce serait ouvrir nos portes et abaisser nos ponts-levis. Non, j'en ai confiance, Paris restera lui-même : les intrigants, les stipendiés, les poltrons, se tiendront cois, et nous poursuivrons sans encombre, au bruit des bombes et du canon, mais avec calme, avec concorde, l'oeuvre assurée, rien ne peut m'en ravir l'espoir, l'oeuvre de notre libération. »

- En avant! Comme suit à l'article dont nous avons parlé dans notre dernier numéro, M. Edgar Quinet, sous ce titre « En avant ! » vient d'en publier un nouveau, dont nous donnons ici l'éloquente péroraison :

  « En avant ! en avant ! Il n'est pas un hameau français où ce cri ne retentisse à cette heure. Il est répété par Chanzy, Bourbaki, Faidherbe, Garibaldi, au sud, à l'ouest, au nord, à Autun, à Nevers, à Vendôme, à Lille. Les masses qui chaque jour sortent de terre prennent Paris pour direction. Les rayons de la roue viennent se rattacher au centre ; l'immense circonférence se resserre autour de nos envahisseurs. Encore un pas, ils sont engloutis sous un déluge d'hommes. Paris crie à son tour : « En avant ! « c'est le mot de la France entière. - Le froid et le gel ne nous arrêtent pas. C'est, après tout la température d'Eylau. Il faisait plus froid à Austerlitz quand le lac était gelé. Il faisait plus froid en Hollande quand nous avons pris la flotte enfermée dans les glaces. Nous saurons supporter pour nous délivrer ce que nous avons bravé quand il ne s'agissait que de conquérir. - Le bombardement, que prouve-t-il ?La nécessité où sont nos ennemis de se hâter pour éviter les désastres qui les menacent. - Ils ne peuvent attendre davantage, car nos masses grossissent derrière eux. Ils sentent que le temps travaille pour nous.Leur calcul s'est trouvé faux. Ils n'espèrent plus avoir le temps de nous faire mourir de faim. - Oui, le plateau de la balance penche pour nous. Figurez-vous le moment où les armées allemandes subiront un premier échec, à cette distance du Rhin, prises au milieu de nos neiges ! Comprenez ce qui arrivera le jour où elles feront un premier pas en arrière. Quelle maison, quel seuil, quelle haie, quelle muraille ne s'armera contre eux ? - Rappelez-vous le mot de leur prince Frédéric-Charles. Il se vérifiera ce jour-là. Le vengeur se trouvera partout, partout, partout ! »

  DEPARTS DES BALLONS-POSTE : 4 janvier, de la gare d'Orléans, à 4 h. du matin, le Newton, emportant un voyageur, 310 kilogrammes de dépêches et 4 pigeons. - En partance : l'Union-des-Peuples, gigantesque aérostat frété par des négociants ; le Duquesne, ballon à hélice, système Labrousse ; le Kepler et le Vaucanson. - En construction : le Général-Daumesnil et le Toricelli.

BOURSE. Dernier cours. 4 janvier : 3 p. 100, 51.20 ; emprunt, 52.35. - 5 janvier : 3 p. 100, 50.75 ; emprunt, 51.80.

D. JOUAUST.



Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.


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Un grand merci à Philippe ROBY (Philatélie72) collectionneur passionné pour nous avoir transmis les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.


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Toussaint COPPOLANI
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