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La Gazette des Absents (numéro 28)
à éviter avec la plus grande vigilance, et que les Gouvernements auraient tort de
s'imputer réciproquement les accidents qui se produisent.
DIMANCHE, 15 janvier. - RAPPORT MILITAIRE : 4 janvier, matin.
Hier au soir le général Vinoy, assisté des généraux Blanchard et Corréard, a tenté une sortie contre le
Moulin-de-Pierre ; mais nos troupes, ayant été accueillies par une vive fusillade, sont rentrées dans leurs
lignes. De son côté, l'ennemi a fait sur Drancy une attaque qui a été repoussée. Dans un petit engagement
du côté de la Gare-aux-Boeufs, les Prussiens ont dû se replier en nous laissant un officier prisonnier.
- Soir. « Le bombardement de la ville s'est étendu dans les quartiers de la rue Monge, Saint-Sulpice
et de la rue de Varennes, pendant la journée du 14. Il a été beaucoup moins vif contre les forts du
sud et les avancées. »
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Le Corps diplomatique. Les membres du Corps
diplomatique présents à Paris ont adressé à M. de Bismarck une note dans laquelle il se plaignent que le
bombardement ait été commencé sans qu'une dénonciation préalable les ait mis à même de veiller à la sûreté
de leurs nationaux, qui d'ailleurs avaient rencontré, de la part de la Prusse, des difficultés insurmontables
toutes les fois qu'ils avaient voulu quitter Paris. Les signataires de la note demandent donc que des mesures
soient prises pour permettre à leurs nationaux de se mettre à l'abri, eux et leurs propriétés. -
Une Générosité inépuisable. Touché de la conduite admirable des quartiers de Paris « si
brutalement bombardés », M. Richard Wallace, dont nous avons eu à signaler la rare munificence,
vient d'écrire à M. le Ministre des affaires étrangères pour lui proposer d'ouvrir une souscription
patriotique en faveur des malheureux obligés de fuir leurs logis, et s'est inscrit en tête de liste pour
une somme de cent mille francs. M. Favre a accepté cette proposition, en souscrivant lui-même pour
1000 fr.
- Les Subsistances. Le Ministère du commerce se livre en ce moment à un grand travail de recensement
de nos ressources alimentaires. Des recherches bien dirigées font découvrir chaque jour de nouveaux
approvisionnements dont on ignorait l'existence. Les vins ordinaires sont presque épuisés ; mais les
qualités supérieures sont en quantité considérable, et nous en seront quitte pour boire notre vin meilleur.
Quant au blé, on pourra, grâce aux mélanges actuellement pratiqués, le faire durer encore longtemps.
Somme toute, sans rien vouloir préciser sur le chiffre de nos ressources et sur le temps de résistance qu'elles
représentent, on peut dire que nos moyens nous permettent d'attendre.
- Échos du siège.D'après les rapports de nos espions, il paraîtrait certain que
l'armée d'investissement aurait reçu ces jours derniers un renfort de 60,000 hommes.- Un nouveau stratagème
des Prussiens consiste à ne mettre leurs grosses pièces en batterie qu'à la tombée de la nuit. Dès le matin il
les retirent pour les abriter dans des tranchées situées à 300 m des batteries et les remplacent par
des bouches à feu hors de service ou de petite portée. Nos forts, connaissant le jeu de l'ennemi, ont
tiré sur les tranchées et on remarqué immédiatement un mouvement de panique très pro-
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noncé. - Plusieurs journaux racontent qu'une dame de la haute société, venant de Tours
avec un sauf-conduit prussien, s'est vu refuser l'autorisation de rentrer dans Paris, sa demande ayant
semblé suspecte en raison des circonstances. - Sur le territoire d'Asnières, dit la Liberté,
des mobiles ont surpris une maisonnette dans laquelle des Bavarois et des Saxons étaient occupés à
changer de costumes. On a trouvé dans la pièce où ils étaient toutes sortes de vêtements, entre autres des
blouses de paysans et des uniformes de mobiles.
- Le Bombardement. Le bombardement continue jour et nuit avec des intermittences
de violence et de calme. C'est toujours le faubourg Saint-Germain qui supporte le choc ; les établissements
scientifiques, comme les établissements de bienfaisance de la rive gauche ont tous été plus ou moins
visités par les obus. Des mesures ont été prises pour assurer l'alimentation, le chauffage et le logement
aux habitants des quartiers réfugiés. - Le préfet de police a fait interner dans les quartiers bombardés
quelques compagnies de gardiens de la paix chargés d'assurer l'ordre en cas d'incendie, de défendre les
propriétés, et surtout de porter secours aux malheureux et aux blessés. - Le Journal officiel
donne ce matin la liste des victimes du bombardement du 5 au 13 janvier. Le total est de : 51 tués, dont
18 enfants, 12 femmes, 21 hommes ; et 138 blessés, dont 21 enfants, 45 femmes, 72 hommes.
LUNDI 16 janvier. RAPPORTS MILITAIRES. Le 13 au soir, engagement de
mousqueterie et d'artillerie sur la route de Flandres, motivé par une reconnaissance prussienne.
L'ennemi a été repoussé et nous lui avons démoli plusieurs maisons crénelées. - 15 janvier, soir.
« Il y a eu sur toute notre ligne du sud un combat d'artillerie des plus acharnés soutenu par les
forts et les 6e, 7e et 8e secteurs. C'est par milliers qu'il faut compter les projectiles qui se sont
entrecroisés sur ces positions. Le Gouverneur, qui s'était rendu au fort de Montrouge, est rentré à
Paris en parcourant les bastions, depuis le no 80 jusqu'au no 68. Le commandant de Mirandol écrit,
de la boucle de la Marne, qu'il y a eu une affaire au pont de Champigny, dans laquelle cinq Prussiens,
dont un officier ont été tués, et dix blessés... »
- Le Bombardement. La rive gauche a été très éprouvée toute la nuit. Ce matin le bombardement
continue avec la même violence.
DEPARTS DES BALLONS-POSTE : 13 janvier, de la gare du Nord, à 3 h. 1/2 du matin, le
Général-Faidherbe, emportant un aéronaute, un voyageur autorisé, 60 kilos de lettres et 2 pigeons ;
- 15 janvier, de la gare d'Orléans, à 3 h. du matin, le Vaucanson, monté par un aéronaute et deux
voyageurs, et emportant de nombreux appareils, toutes nos lettres et des pigeons.
Le 12 au soir, à 11 h. 50, le Monge, colossal aérostat frété par des industriels,
s'est élevé de la gare d'Orléans par un temps magnifique.
BOURSE. Derniers cours. 13 janvier : 3 p. 100, 51.65 ; emprunt, 52.65. - 14 janvier :
3 p. 100, 51.50 ; emprunt, 52.65.
D. JOUAUST
Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.
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En vente, rue Saint-Honoré, 338.- PLANS SUR PAPIER PELURE : Environs
de Paris, 15 centimes ; Enceinte, 20 c.- ALBUM DRANER, Souvenirs du Siège, vendu 5 fr.
avec la collection des numéros de la Lettre-Journal de 1870 et un bon pour retirer les nos
complémentaires (18 octob.-22 novemb.).
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Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
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