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La Gazette des Absents (numéro 10)



10, Mercredi 23 Novembre 1870

PARAIT
Les Mercredi et Samedi
à 10 h. du matin
D. JOUAUST, REDACTEUR
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LETTRE-JOURNAL
DE PARIS
Gazette des Absents

Prix : 15 centimes.
EN VENTE A PARIS
Rue Saint-Honoré, 338
et au bureau du Figaro
RUE ROSSINI, 3
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AVIS.-- D'après un renseignement spécial de la Direction des Postes, la carte de DEPECHE-REPONSE peut être insérée dans la LETTRE-JOURNAL : la lettre et la carte réunies sont considérées comme ne dépassant pas le poids réglementaire. -- Plier la carte en deux, pour qu'elle puisse entrer dans le cadre de la lettre.

SAMEDI 19 Novembre 1870. -- Pas de rapport militaire.

Ordre du Gouverneur de Paris renouvelant la défense expresse de passer les avant-postes, l'ennemi tirant maintenant d'une manière continue sur des hommes sans armes et même sur des femmes et des enfants. En effet, des personnes qui ramassaient des légumes dans la plaine de Bondy ont été tuées ou blessées en assez grand nombre.

Dépêche reçue de Tours confirmant notre succès d'Orléans, annonçant l'évacuation de Dijon par les Prussiens, et constatant l'état de tranquillité des grandes villes de France que des journaux étrangers nous avaient représentées comme livrées à l'anarchie.

INFORMATIONS ET FAITS DIVERS. - Les dépêches. A la suite des Nos 1 et 2 du journal télégraphique de M. Steenackers, les pigeons nous ont apporté les Nos 3, 4, 5, 7, , 9, 10 : le No 6 seul ne nous serait donc pas parvenu. Nous voilà ainsi presque régulièrement en correspondance avec la province, ce qui va contribuer puissament à relever le moral de la population parisienne, dont la seule privation véritable était l'absence de nouvelles.

DIMANCHE, 20 novembre.- RAPPORT MILITAIRE : 19 novembre, soir. Les forts de Bicêtre, Montrouge, Vanves et Issy, ont tiré avec beaucoup de succès sur les positions de l'ennemi, qui a dû évacuer à plusieurs reprises ses avancées. Nos travaux sont poussés sur tous les points avec la plus grande activité.

Ordre du gouverneur de Paris au sujet des relations qui tendent à s'établir entre nos avant-postes et les avant-postes prussiens. C'est avec autant de surprise que d'indignation que le général Trochu a appris ces graves infractions à l adiscipline militaire ; il compte sur le patriotisme et l'honneur de l'armée pour que de semblables désordres ne se reproduisent plus.

- L'Alimentation. Aujourd'hui que la viande de boucherie nous est donnée à doses homéopathiques, nous nous attaquons à tout ce qui vit et qui respire, et notre excursion gastronomique à travers toutes les bêtes de la création nous a réservé bien des surprises. Ainsi l'âne et le mulet, que l'on croyait durs parce qu'ils sont entêtés, se trouvent être une chair tendre et délicate ; le rat, si mal famé auprès de notre odorat, est un des mets les plus savoureux. Par exemple, le chien paraît justifier sa dureté proverbiale, mais on la lui pardonne en faveur de l'appoint qu'il vient apporter à notre nourriture. Quant au chat, nous en avions tous déjà mangé, et nous feignions de l'ignorer. Que voulez-vous, il faut bien se livrer
  à cette chasse universelle, quand des denrées qui passaient pour ordinaires montent au rang de mets de grand luxe et cotent des prix fabuleux. Citons-en quelques-un à titre de curiosité historico- culinaire : l'âne et le mulet valent de 6 à 8 fr. le kilog. ; une oie se paye de 25 à 30 fr. ; un beau poulet, 15 fr. ; une paire de lapins, 30 fr. ; le jambon, quand il s'en trouve, 16 fr. le kilog. ; une belle carpe, 20 fr. ; le boisseau de pommes de terre, 6fr. ; un chou, 1 fr. 50c. ; le beurre frais, 40 fr. le kilog. Au milieu de tout cela, l'on mange ce qu'on peut, et l'on accepte gaiement la chose. La résignation, d'ailleurs, est d'autant plus facile qu'on se porte beaucoup mieux qu'au temps de l'abondance, et que jamais l'état général de la santé publique, sauf les cas de variole, n'a été plus satisfaisant. - La viande salée. Nous tirons d'une conférence de M. Bouchardat le renseignement suivant : Pour que la viande salée puisse déterminer le scorbut, il faut en user pendant plus de temps que nous ne le ferons ; et d'ailleurs, le vin, qui ne nous fera jamais défaut, et le meilleur correctif de ce genre d e nourriture.

LUNDI, 21 novembre. - RAPPORT MILITAIRE : 20 novembre, soir. Le feu a été très vif, pendant une partie de la nuit, contre les positions du Bouget. Des combats heureux d'avant-postes ont lieu hier à Villetaneuse. Le gouverneur de Paris, ému des tristes événements qui se sont passés dans les journées des 18 et 19 novembre dans la plaine de Bondy, a demandé des rapports circonstanciés aux commandants des avant-postes les plus rapprochés de l'ennemi. Les nouvelles informations ont confirmé les premiers renseignements qui ont été portés à la connaissance du public. Elles ont fait connaître en outre, un nouvel exemple des inconvénients qu'amènent devant nos lignes de semblables désordres exploités par l'ennemi. Le 19 novembre, à 8 heures du matin, des Prussiens, revêtus de blouses et de pantalons de toile, dissimulant leurs armes, et favorisés par la foule des maraudeurs qui couvraient la plaine, se sont glissés le long de la berge du canal de l'Ourcq, et on tiré presque à bout portant sur une sentinelle avancée du 1er régiment d'éclaireurs, à nos premiers retranchements.

Arrêté du gouverneur de Paris interdisant tout affichage et placards de journaux, feuilles publiques ou écrits politiques de même nature.

Communication, par le Gouvernement, d'un numéro, en date du 16 novembre du Moniteur officiel de Seine-et-Oise, publié à Versailles par les Prussiens. La pièce la plus intéressante de ce journal est la circulaire adressée aux ambassadeurs de la Confédération de l'ALLemagne du Nord par M. de Bismarck au sujet de ses entretiens avec M. Thiers. Le chancelier fédéral blâme hautement notre Gouvernement d'abord de n'avoir pas accepté un armistice de quatre semaines, sans ravitaillement, pour l'élection d'une assemblée nationale ; ensuite, d'avoir rejeté une seconde proposition, consistant ou dans un court ar-



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Un grand merci à Philippe ROBY (Philatélie72) collectionneur passionné pour nous avoir transmis les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.


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Toussaint COPPOLANI
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