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Les timbres au type Merson : les faux dits de « Forbin », 1912
Ils ont fait l'objet de plusieurs études, dont celles-ci, qui m'ont permis de vous présenter ces quelques pages :
[1]
1976-10 Echo de la Timbrologie No 1470 Le Faux 5F Merson de France (M. Pierre QUESNEL) [2]
1987-06 Le Monde des Philatélistes No 409 Juin 1987 Les Faux timbres au type Merson de 1912-1ère partie (MM. Jean STORCH et Robert FRANÇON) [3]
1987-07 Le Monde des Philatélistes No 410 Juillet -Aout 1987 Les Faux timbres au type Merson de 1912-2ème partie (MM. Jean STORCH et Robert FRANÇON) [4]
1989-10 Le Monde des Philatélistes No 434 Faux « Merson » de 1912 : Sur la piste des faussaires (MM. Jean STORCH et D.J. BRAMLY) [5]
2018-04-01 Documents Philatéliques No 236 L'AFFAIRE DES FAUX MERSON DE 1912 : LA LEVÉE PARTIELLE DU MYSTÈRE (M. Laurent BONNEFOY) [6]
2019-02-18 www.philatelie.expert Les faux Merson dits de forbin - fiche d'identification rapide (M. Jean-François BRUN)
Il s'agit de faux de très bonne qualité réalisés pour tromper les collectionneurs.
Quelle serait l'origine de ces faux ?
Ces vignettes sont apparues vers 1912 chez le marchand parisien
FORBIN, d'où leur nom. Ils sont -à de très rares exceptions- tous oblitérés. Probablement, en raison des poursuites possibles envers les
faussaires (cf. articles 443-2, 443-4, 444-1, 444-3 du code pénal) il a pu tous les
oblitérer pour ne tromper que les collectionneurs en vendant de pseudo fac-similés.
Plusieurs hypothèses, mais pas de certitude... jusqu'en 2018
En 2018, Laurent BONNEFOY[5] de l'Académie de Philatélie, apporte une pièce décisive à cette affaire :
"La découverte d'un dossier d'enquête venant des caves du ministère de l'Intérieur et
miraculeusement conservé aux Archives Nationales, permet de lever enfin le voile sur (presque)
toute l'affaire des faux Merson qui a déjà fait couler beaucoup d'encre depuis fin 1912.
C'est une chance inouïe que, parmi des versements considérables effectués en 1960 et
1963, celui-ci ait été sauvé, car, comme l'écrit une des conservatrices des Archives Nationales :
«De l'ensemble des dossiers d'escroqueries, qui ne présentaient aucun intérêt, on a extrait, à titre
d'exemple, un certain nombre de liasses d'affaires qui [...] peuvent donner des aperçus sur les
principales formes de fraudes ou d'escroqueries qui se sont manifestées [...]. Les dossiers-type qui
ont été retenus sont ceux où l'explication des faits est la plus complète ». De fait, ce dossier de la cote F7-14702 est un véritable trésor malgré son
état de conservation."
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Un vol à l'Atelier ?
On ne sait toujours pas avec certitude
où ces timbres ont pu être imprimés. Peut-être en Belgique ? M. Wilfrid HAWORTH a émis l'hypothèse d'un vol en 1901 à l'Atelier
des timbres-poste. L'Administration aurait alors changé le poinçon pour démasquer les voleurs. Mais cette version parait peu plausible
si l'on considère l'absence de trace de ce vol de Merson dans les documents administratifs d'époque et le grand nombre de faux
timbres émis dans les BFE.
Un faussaire ?
L'hypothèse la plus vraisemblable est celle émise par MM. Jean STORCH et D.J. BRAMLY en 1989[4] :
« D.-J. Bramly, rédacteur du Journal of the France and Colonies Philatelie Society de Grande-Bretagne, (...) a interrogé les témoins encore vivants de cette lointaine époque. Il a consulté de nombreux journaux, philatéliques ou non.
Enfin il a été autorisé à consulter les archives des plus grands négociants de Grande-Bretagne. Les découvertes sont surprenantes.
M. A. Constantine est né avec le siècle. Tout jeune homme il s'installa négociant en timbres-poste à Paris jusqu'à son appel sous les drapeaux, en 1939. Après la débâcle de 1940, il rejoignit les Forces françaises libres à Londres. La guerre terminée, et s'étant entre-temps marié avec une Anglaise, il s'établit à Londres, où il recommença le commerce des timbres-poste. Ce très réputé négociant est décédé le 7 juillet 1987.
(...)
Il avait plus de quatre-vingts ans quand, en 1983, D.-J. Bramly lui demanda un entretien. Ils parlèrent, entre autres, longuement des faux de Forbin.
(...) La rumeur publique en attribuait le commerce à M. Forbin, négociant en timbres à Paris. Il serait entré en contact avec un faussaire espagnol
qui aurait fui son pays sous l'accusation d'avoir fait des faux billets de banque de 100 pesetas. C'est ce dernier qui aurait fait les planches.
D'après M. Constantine, à cette époque M. Forbin aurait eu en tant qu'employés les frères Grosswald dans sa boutique et leur beau frère, C. Sibirsky
(qui se faisait appeler Sibiesco), en tant que commis voyageur.
M. Constantine insistait sur le fait que Forbin ne vendit jamais aucun faux dans son magasin ou par correspondance. Toutes les ventes auraient été faites, en gros, à d'autres négociants par l'intermédiaire de Sibirsky, et beaucoup d'acheteurs savaient très bien qu'ils achetaient des faux.
Bien que les soupçons se soient portés immédiatement sur Forbin, dès 1912, M. Constantine n'entendit parler d'aucune accusation officielle au sujet de ces faux avant 1918.
Un des Grosswald et Sibirsky furent arrêtés en 1918. Cela nous en avons la preuve officielle, comme on le verra plus loin.
D'après les souvenirs de M. Constantine, Forbin aurait été accusé, dans les années 20, non pas en tant que faussaire mais en tant que fraudeur. Cette accusation aurait été rendue possible par une imprudence de Forbin. Il aurait envoyé à certains receveurs de bureaux de poste des BFE des enveloppes revêtues de faux pour les oblitérer et les lui renvoyer à son adresse.
Un des receveurs aurait eu l'attention attirée par une différence de teinte de ces timbres et aurait envoyé une ou deux de ces enveloppes pour expertise à Paris,
au bureau central des BFE. Les timbres auraient été reconnus comme faux. Des perquisitions auraient eu lieu dans la boutique et l'appartement de Forbin
et auraient permis de découvrir d'autres enveloppes oblitérées.
Mais on n'aurait pas pu trouver d'autre preuve contre Forbin.
D'après M. Constantine les juges auraient fait savoir à Forbin qu'ils le soupçonnaient d'être l'instigateur des falsifications mais que, faute de preuve,
on n'aurait retenu contre lui que l'accusation de fraude, et il aurait été condamné. Plus tard, Forbin vendit sa boutique mais continua encore longtemps
le commerce des timbresposte.
(...)
Toute la presse parla des faux Merson, et la rumeur publique accusa Forbin.
Il semble bien que le commerce dura trois ans. Une piste est donnée par les dates des fausses oblitérations.
Elles s'échelonnent du 11 janvier 1909 au 16 juillet 1912. Cela n'est pas une preuve absolue mais une simple indication. Après 1913 on ne parla plus
de cette affaire. Elle ne refit surface dans la presse qu'en 1918. Le journal le Matin du 1er janvier 1918 écrit :
« A travers la France.
Faits divers. Alpes-Maritimes, Nice. Le service de la Sûreté a arrêté deux individus nommés Sibiesco et Grosswald. Ils fabriquaient des faux billets
de banque et des timbres. On pense que leur émission de faux billets est importante. »
(...)
Voici donc les faussaires sous les verrous, mais dans la presse nous n'avons trouvé aucune mention d'un éventuel procès.
Nous n'avons pas trouvé non plus la référence du graveur espagnol dont nous a parlé M. Constantine.
Enfin jusqu'ici nous n'avons trouvé aucune mention écrite du procès de M. Forbin, dont se souvenait si bien M. Constantine.
Il reste donc bien des mystères concernant les faussaires même si les pistes sont très convergentes. »
in Le Monde des Philatélistes No 434, Octobre 1989. Faux « Merson » de 1912 :
Sur la piste des faussaires (MM. Jean STORCH et D.J. BRAMLY)
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En résumé, il semble bien que l'on soit dans le cas d'une escroquerie visant les collectionneurs.
Seul le 5F est apparu sur le marché français.
Comme le faussaire ignorait sans doute que le poinçon du 5 F différait des autres, tous les 1F, 2F, 5F des BFE comportent ces
mêmes différences.
Ce sont les plus facilement identifiables.
La seule valeur présente pour la France. On le trouve également pour les Bureaux Français de l'Etranger (BFE) avec les mêmes détails différentiateurs.
Les différences
Selon l'étude de Monsieur QUESNEL[1], la dentelure verticale présente une légère différence
(le faux diffère parfois d'une ½ dent).
Mais, en examinant ces timbres de près avec un odontomètre, on se rend compte que cette différence
n'affecte pas systématiquement tous les faux, mais certains d'entre eux, sans qu'il n'y ait de logique réelle.
On trouve une petite variation de ± ¼ uniquement sur la dentelure verticale du faux 5F.
Voir : Les dentelures du faux merson
Le format du cadre qui diffèrent :
Sur le timbre, ce sont pas moins de sept détails majeurs (mais il y en a d'autres plus ou moins pertinents selon l'encrage) qui permettent de les repérer :
1-Cartouche de la valeur
Position
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Faux Cinq lignes de points distincts nets et séparés
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Vrai quatre lignes de points mal imprimées |
Faux
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Vrai |
2-Coin supérieur gauche
Position
|
Faux Une ligne brisée sur quatre |
Vrai Deux lignes brisées sur quatre |
Faux |
Vrai |
3-Angle inférieur droit
Position
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Faux Deux traits verticaux intacts |
Vrai Deux traits verticaux brisés |
Faux
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Vrai |
4-Angle inférieur gauche
Position
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Faux 8 lignes verticales à gauche de la colonne |
Vrai 7 lignes verticales à gauche de la colonne |
Faux
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Vrai |
5-Cartouche du nom du Pays ou du mot POSTES pour les timbres de France
Position
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Faux Lignes contre le tronc très nettes |
Vrai lignes contre le tronc mal brisées, peu distinctes |
Faux
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Vrai |
6-Coin supérieur droit
Position
|
Faux feuille avec grosse nervure centrale avec un point au dessus |
Vrai feuille avec 2 nervures fines et séparées |
Faux
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Vrai |
7-bas gauche du cartouche de la valeur
Position
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Faux feuille coupée |
Vrai feuille entière |
Faux
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Vrai |
Quelques autres exemples du faux 5F
On trouve le 5 F pour la France, et les bureaux des BFE suivants : Alexandrie, Crète, Dédéagh, Levant, Maroc, Port-Saïd, Zanzibar.
Faux 5F de France |
Faux 5F d'Alexandrie |
Faux 5F du Levant |
Sur le timbre, les mêmes quatre premiers détails permettent de les repérer (encore une fois, en les examinant de près, il y en a d'autres de moindre importance):
1-Cartouche de la valeur
Position
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Faux Cinq lignes de points distincts nets et séparés
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Vrai quatre lignes de points mal imprimées |
Faux
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Vrai |
2-Coin supérieur gauche
Position
|
Faux Une ligne brisée sur quatre |
Vrai Deux lignes brisées sur quatre |
Faux |
Vrai |
3-Cartouche du nom du Pays
Position
|
Faux Lignes contre le tronc très nettes |
Vrai lignes contre le tronc mal brisées, peu distinctes |
Faux
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Vrai |
4-Coin supérieur droit
Position
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Faux feuille avec grosse nervure centrale avec un point au dessus |
Vrai feuille avec 2 nervures fines et séparées |
Faux
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Vrai |
Quelques autres exemples du faux 1F
On trouve des faux 1F pour les bureaux des BFE suivants : Alexandrie, Cavalle, Crète, Dédéagh, Levant, Maroc, Port-Saïd, Zanzibar.
Faux 1F d'Alexandrie |
Faux 1F de Cavalle |
Faux 1F de Chine |
Faux 1F de Chine |
Sur le timbre, comme pour le 1F des BFE, quatre détails principaux permettent de repérer les faux (avec la même remarque que pour le 5F et le 1F) :
1-Cartouche de la valeur
Position
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Faux Cinq lignes de points distincts nets et séparés
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Vrai quatre lignes de points mal imprimées |
Faux
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Vrai |
2-Coin supérieur gauche
Position
|
Faux Une ligne brisée sur quatre |
Vrai Deux lignes brisées sur quatre |
Faux |
Vrai |
3-Cartouche du nom du Pays
Position
|
Faux Lignes contre le tronc très nettes |
Vrai lignes contre le tronc mal brisées, peu distinctes |
Faux
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Vrai |
4-Coin supérieur droit
Position
|
Faux feuille avec grosse nervure centrale avec un point au dessus |
Vrai feuille avec 2 nervures fines et séparées |
Faux
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Vrai |
Quelques autres exemples du faux 2F
On trouve des faux 1F pour les bureaux des BFE suivants : Alexandrie, Cavalle, Crète, Dédéagh, Maroc, Port-Saïd, Zanzibar.
Faux 2F de Dedeagh |
Faux 2F de Zanzibar |
Les faux cachets
Les dates s'étalent de 1909 à 1912 pour la France et Alger et de 1903 à 1911 pour les BFE,
selon les études effectuées par le Dr JOANY, et MM QUESNEL, STORCH, FRANÇON et D.-J. BRAMLY.
Les fausses oblitérations du 5F de France désignent :
- les bureaux de Paris :
bureau 1-place de la Bourse (2ème), bureau 2-rue Milton (9ème), bureau 4-rue d'Enghien (10ème),
bureau 10-rue de Rennes (6ème),
bureau 22-rue de Provence (9ème),
25-rue Danton (6ème), bureau 41-av. Duquesne (7ème), bureau 51-rue Le Peletier (9ème),
bureau 66-rue d'Alésia (14ème),
bureau 96-rue Gluck (9ème), bureau 118-rue d'Amsterdam (9ème) ,
- les villes de Boulogne sur Mer, Lusigny (Aube), Lyon-Perrache,
Marseille A, Mont-de-Marsan (Landes), Reims-Vesle (Marne), Tours
- Alger
« Les timbres étaient vendus oblitérés, et il fallait, pour ne pas attirer l'attention, que les cachets soient très nombreux et les dates très variées. Un même cachet répété des milliers de fois aurait attiré l'attention des collectionneurs perspicaces.
De nombreux cachets sont illisibles. Tous les cachets faux ont à la lampe de Wood (UV) une réaction différente des cachets authentiques et sont donc
faciles à détecter. »
in Le Monde des Philatélistes No 434, Octobre 1989. Faux « Merson » de 1912 : Sur la piste des faussaires (MM. Jean STORCH et D.J. BRAMLY)
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