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La Gazette des Absents (numéro 14)
ont été blessés dans le combat d'avant-hier. Le général Ladreit de la Charrière a été
tué à l'attaque de Montmély. Nous avons aussi perdu le colonel de Grancey, des mobiles de la Côte-d'Or.
Le colonel de Vigneral et les chefs de bataillons d'Ille-et-Vilaine, Lemintier de Saint-André, Le
Gonidec de Kerhalic et du Deserzen, ont été blessés, le dernier très légèrement. - Un étranger
généreux. M. R. Wallace, un des rares Anglais qui partagent avec nous les rigueurs du siège, vient de
mettre à la disposition des hospices une somme de deux cent mille francs affectée au chauffage
des indigents. Un tel acte de libéralité est au-dessus de tout éloge : il montre aussi la sympathie que notre
pays inspire aux étrangers qui assistent au spectacle de sa régénération.
LUNDI, 5 décembre. - RAPPORT MILITAIRE : 4 décembre. Les pertes de l'ennemi
ont été tellement considérables qu'en plein jour il a laissé passer la rivière à une armée qu'il avait
attaquée la veille avec violence. Nos troupes se reposent pendant qu'on remplace les cadres. Le gouverneur
est resté à leur tête.
Ordre du général Ducrot expliquant à ses soldats qu'il leur a fait passer la Marne pour ne pas
les engager dans une lutte meurtrière et inutile. Mais le repos n'aura été que de courte durée, et il faut
s'apprêter à de nouvelles épreuves.
Dépêche d'Algérie, annonçant qu'une tranquilité parfaite règne dans tout le pays.
INFORMATIONS ET FAITS DIVERS.- L'Homme d'Amiens. Tel est le nom sous lequel on désigne
un mystérieux messager venu d'Amiens, qui paraît avoir le secret de traverser les lignes prussiennes.
Une première fois il avait profité de l'affaire du Bourget pour entrer à Paris avec un millier de lettres ;
à la faveur de la bataille du 2 décembre, il vient encore d'en apporter deux mille. - Les Nouvelles
du dehors. Les renseignements sur ce qui se passe au-delà des lignes prussiennes nous arrivent en
abondance ; mais nous continuons à ne les accepter qu'avec une grande réserve. On parle beaucoup de la
capture de toute la flotte prussienne par nos vaisseaux ; mais ce fait est tellement important,
et le récit qu'on en fait est environné de circonstances tellement héroïques, qu'il demande, plus que
tout autre, à recevoir une confirmation officielle. - Les Lits pour les blessés. L'appel fait hier
par le Gouvernement a été accueilli avec l'empressement le plus patriotique. On avait déjà offert ce soir
1392 lits.
MARDI, 6 décembre. - RAPPORT MILITAIRE : 5 décembre, 1 h. matin. Le
nombre des prisonniers ramenés du champ de la bataille dépasse actuellement huit cents. - 4 h.
10 soir Reconnaissance, vers Aulnay du commandant Poulizac. Enlèvement de trois postes du chemin
de fer de Soissons. Pas un homme atteint chez nous ; sept Prussiens restés sur place.
Ordre du général Clement Thomas interdisant aux gardes nationaux des compagnies de marche de se
faire remplacer par des hommes de la garde sédentaire.
- La Question d'Orient. La dénonciation, par la Russie, du traité de 1856, se trouve, malgré son
importance, classé au dernier rang de nos soucis. On
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en parle pourtant un peu entre deux rapports militaires. Les uns y voient quelque chance
à une prochaine solution pacifique, devant résulter de nouvelles préoccupations que donnerait
à la Prusse son entente, maintenant évidente, avec la Russie dans cette affaire. D'autres, moins soucieux
de voir clore promptement l'ère des combats, se réjouissent surtout des embarras bien mérités que va
créer à l'Angleterre cette situation inattendue. Si, en effet, au lieu de rester spectateur indifférent
à nos désastres, le gouvernement de Sa Majesté Britannique fût venu, après Sedan, interposer son autorité
pour mettre fin à une lutte meurtrière qui n'avait plus aucune raison d'être, il entraînait à sa suite
l'Autriche, l'Italie et la Turquie, et c'en était fait de la guerre. Et alors, l'ambition russe venant
à se faire jour, notre ancienne confraternité d'armes des champs de Crimée, jointe à la présence du
service rendu, faisait de la nation française, qui, elle, ne sait pas être ingrate, la plus influente
alliée de l'Angleterre AU lieu de celà, obéissant à un sentiment d'égoïsme irréfléchi, se laissant
peut-être aller aussi à la satisfaction d'une misérable rancune, elle nous a laissé épuiser par une lutte
qui nous guérira pour longtemps des expéditions lointaines, et surtout de celles où l'intérêt anglais
se trouvera engagé.
- Les Dépêches privées. Il nous est déjà parvenu un grand nombre de dépêches particulières, et bien
des personnes qui en attendent n'en ont pas encore reçu : cela tient certainement à l'énorme accumulation
des télégrammes à Tours, d'où il ne peut en partir qu'un certain nombre à la fois. Le journal le Temps,
qui s'est toujours occupé très sérieusement des questions de correspondance, donne à M. Steenackers,
pour remédier à cet inconvénient, un conseil que nous nous empressons de lui transmetttre par notre
gazette. On pourrait augmenter dans une proportion considérable le nombre des dépêches apportées par
chaque pigeon en éditant une clé publique, dans laquelle plusieurs mots pourraient être représentés par
une seule lettre, ou bien en autorisant les correspondants à en établir une à leur convenance. Ce dernier
parti serait de beaucoup le meilleur, en ce qu'il faciliterait ces communications intimes que ne permet
pas la télégraphie actuelle, et qui, après trois cruels mois de séparation, sont devenues un véritable
besoin pour les familles.
DEPART DES BALLONS-POSTE : 5 décembre, 1 h. du matin, le Franklin, ballon Godard,
parti de la gare d'Orléans, emportant dépêches et pigeons; - 5 h. du matin, l'Armée-de-Bretagne,
ballon de MM. Yon et Dartois, nolisé par l'administration télégraphique, parti de la gare du Nord,
n'emportant que des dépêches du Gouvernement et des télégrammes privés.
BOURSE. Derniers cours. 2 décembre : 3 p. 100, 53.80 ; emprunt, 55. - 3 décembre : 3 p. 100,
54.10 ; emprunt, 55.25. - 5 décembre : 3 p. 100, 53.65 ; emprunt, 54.80.
D. JOUAUST.
Imprimerie, 338, rue Saint-Honoré.
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Un grand merci à Philippe ROBY
(Philatélie72)
collectionneur passionné pour nous avoir transmis
les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.
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