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La Gazette des Absents (numéro 2)



du fort de Nogent, laissant entre ses mains 22 sacs de légumes pris sans doute aux travailleurs repoussés hier et dont un a été tué. A six heures, au moment où la grand'garde se retirait, un peloton prussien s'est avancé pendant que l'ennemi, qui est sur la rive gauche de la Marne, tiraillait de son côté devant le feu bien dirigé des hommes de la grand'garde ; il a été bientôt obligé de battre en retraite. -- Le canon du fort de Charenton a tiré hier vers quatre heures sur une troupe d'infanterie forte de 200 hommes environ qui se rendaient à Choisy, par la route du carrefour de Pompadour, et a jeté le trouble dans ses rangs. INFORMATIONS ET FAITS DIVERS -- Journaux prussiens. Les prussiens publient à Versailles un journal en français, Le nouvelliste de Versailles. Nous croyons inutile d'insister sur le peu de confiance que nos compatriotes des départements devront accorder aux nouvelles qui leur parviendront par ce journal. -- Dépêches. Il nous est arrivé aujourd'hui une dépêche microscopique contenant des nouvelles pour quinze ou vingt familles différentes. -- Subsistances. Une commission a été nommée pour visiter les subsistances et s'assurer de leur état de conservation. Cette commission, qui fonctionne depuis plus de huit jours, n'a eu à constater que des détériorations insignifiantes, et a fait prendre des mesures pour prévenir toute espèce d'avaries.

MARDI, 25 octobre. --Dépêches reçues de Tours, annonçant la belle résistance de Châteaudun, l'arrivée de M. Thiers, et apportant des actes du Gouvernement relatifs à l'organisation des troupes. == La Défense. Les employés du génie auxiliaire viennent de trouver dans les Catacombes une quantité de salpêtre suffisante pour approvisionner Paris de poudre pendant six mois. -- Les Clubs. Hier soir, au Club de la Porte Saint-Martin, séance des plus intéressantes. Très beau discours de M. Bersier contre la commune, applaudi à l'unanimité des auditeurs. Chaleureuse acclamation du Gouvernement de la défense nationale par la salle entière.

L'état de siège à Paris. -- Le siège aura décidément trompé toutes les prévisions. Vous rappelez-vous les propos qu'on tenait au moment où commença le blocus : Paris sans promenade! Paris entouré de cinq cent mille Prussiens qui n'ôtent jamais leurs bottes ! Paris encombré de blessés! Paris forcé de se mal nourrir, de se restreindre sur l'eau des arrosages, et ne sachant plus où évacuer ses égouts! Paris inquiet, agacé, nerveux! Mais les épidémies vont y éclater et s'y répandre avec une intensité extraordinaire!Est-ce la peste ? est-ce le choléra ? est-ce quelque maladie nouvelle et innomée ? Et que l'on attendait en tremblant d'épouvante.--Eh bien!
  Paris ne s'est jamais si bien porté. N'était la petite vérole, que nous avions déjà, et dont on a signalé une légère recrudescence, c'est un plaisir de voir comme les santés fleurissent en état de siège. Que voulez-vous ? La misère, monseigneur, disait Figaro. -- Nous nous couchons à dix heures et demie, nous nous levons à six, nous faisons l'exercice tous les matins, et nous passons de temps à autre une nuit aux remparts ; pas grand-chose à faire, aucun souci de tête, et du grand soleil par-dessus, tout cela est fort hygiénique. -- Nous ne mangeons pas, nous dévorons. C'est un symptôme bien curieux à observer : jamais les Parisiens n'ont manifesté un tel appétit que depuis qu'on leur parle de se rationner. Ah! mes amis, qu'il fait donc faim dans une ville assiégée! Je crois que c'est parce qu'on y pense. Qui de nous s'était jamais inquiété du menu de son dîner ? Sauf aux jours de fête, on mangeait au hasard, et l'on se reposait de tous les soins de la cuisine ou sur la ménagère ou sur le domestique. Voilà que nous ne passons plus devant une boucherie sans y jeter un regard de convoitise. L'épicier, chez qui se rangent en file d'étincelantes boîtes en fer-blanc, toutes pleines de mystères gastronomiques, nous fait l'effet d'un ange descendu sur la terre ; nous jetons sur son tableir blanc un regard mouillé de reconnaissance. -- Nous nous sommes réconciliés avec la plus noble conquête que l'homme ait jamais faite sur la nature ! Nous mettons le cheval au pot, en daube, à la broche ; voilà qu'on nous offre du mulet, de l'âne ; l'arche de Noé finira par y passer tout entière, et nous la digérerons ; car nous nous sommes fait un estomac à la hauteur des circonstances. -- Et quelle bonne humeur ! Non, on ne voudra jamais le croire ; et cela passe en effet toute prévision ! Paris n'a rien perdu de son esprit ni de sa gaieté ! (SARCEY, Le Temps) -- M. SARCEY à qui nous empruntons ce qu'on vient de lire, continue en faisant remarquer que les soirées sont bien longues et bien tristes et demande qu'on nous rende un peu spectacles et concerts. Son voeu est maintenant exaucé. Nous avons eu dimanche 22 le premier concert populaire de Pasdeloup, et le Théâtre lyrique va ouvrir ses portes pour des représentations au bénéfice des artistes. De tous côtés s'organisent aussi des conférences où l'on discute les questions du jour, et Paris s'y porte en foule. Nous ne périrons donc pas plus par l'ennui que par la faim.

BOURSE du 21 octobre. Dernier cours : 3 p. 100, 52.75 ; emprunt, 54.10.--22 octobre : 3p. 100, 52 95 ; emprunt, 54. -- 24 octobre : 3 p. 100, 52.75 ; emprunt, 54.


D. JOUAUST, imprimeur, 338, rue S.-Honoré.



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Un grand merci à Philippe ROBY (Philatélie72) collectionneur passionné pour nous avoir transmis les documents pour les numéros 2 à 10, 12 à 14, 18 à 21, 24, 26 à 28.
Ainsi qu'à Chantal S. pour le numéro 17.


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Toussaint COPPOLANI
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