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Luc Olivier Merson, Une noble vie d'artiste par Adolphe Giraldon


portrait de luc-olivier merson
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
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Oeuvre
Images des oeuvres
Les timbres de France au type Merson
Les timbres étrangers au type Merson

par ADOLPHE GIRALDON, Imprimeurs Frazier-Soye, A. Porcabeuf, PARIS 1929

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on le retrouve jusque dans ses moindres esquisses.
  Par là, par cette simplicité des attitudes, par cette recherche constante d'humanité qui anime les sujets les plus graves, les plus pompeux ou les plus familiers, il se rattache à l'immortel Giotto, encore que sa technique et une trace de maniérisme le rapprochent plutôt de l'âge d'or de la Renaissance italienne.
  Avec le temps, la touche deviendra plus large, le dessin moins sec, la couleur plus blonde, les valeurs plus délicates, la forme plus souple, plus pleine et plus voisine encore de la nature, dont l'étude fut sa grande passion. Mais, dans ce tableau d'un bon élève, il est aisé de discerner les éminentes qualités qui assureront la durée a son oeuvre.


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  Rome fit sur son coeur et son esprit une impression profonde que toute sa vie il garda et entretint précieusement. Il n'y revint qu'une fois, peu de temps après avoir achevé son séjour à la Villa; et depuis, il refusa obstinément d'y retourner dans la crainte de n'y plus retrouver

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l'impression que lui avait laissée le temps de ses jeunes années.
  Tout, dans Rome, l'attirait et l'enchantait. L'Antiquité et la Renaissance, et ce Quatrocento délicieux qui, au siècle dernier, inspira, en Angleterre et en France, tant d'artistes et de poètes.
  Il voulut aussitôt apprendre la « dolce lingua del si ». Il la parlait et la lisait couramment. Vite et volontiers il s'assimila moeurs et coutumes locales.
  A cette époque (1869) ces coutumes subsistaient encore, et les femmes du Transtevere n'avaient point adopté les modes parisiennes. Le voyage même gardait un peu du pittoresque d'autrefois. Tout était surprise et attrait pour un artiste soudainement transporté de la rue Bonaparte au Pincio!
  Mais, ces découvertes, ces excursions dans « l'agro romano », les études de moeurs, les joyeuses expéditions ne prenaient que le superflu de son temps. Le travail l'attirait beaucoup plus et ce serait un grand sujet d'édification que de lire, à ce propos, la correspondance qu'il échangeait avec son père.


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Le directeur de l'Académie, le grand peintre Hébert, savait retenir, autour de lui, cette jeunesse pleine d'ardeur. Sa bonne grâce, sa culture, ses goûts de musicien (lui-même tenait fort bien sa partie de violon dans un quatuor), tout contribuait à rendre plaisant le séjour des pensionnaires à la Villa et Merson subit l'influence de ce délicat charmeur.
  Son envoi de dernière année fut cette « Bella matribus detestata », vaste composition inspirée par le désastre de 1870 et fort remarquée au Salon de 1875, d'un style très noble, par endroits un peu ampoulé, avec un goût marqué, qu'il conservera toute sa vie, pour ces belles draperies mouvementées que les Italiens ont tant aimées. Cette oeuvre offre des parties de premier ordre.
  L'émotion contenue dans la figure éplorée de la mère, la clarté et la grâce des figures allégoriques, le choix raffiné de leurs attributs, le balancement heureux des masses, contribuent à donner à cette page une tenue digne du sujet qui l'inspire. Tout y concourt, jusqu'à ce laurier déraciné et toujours vivant, symbole expressif

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d'une espérance que la défaite n'a pas abattue.
   Cette aisance à trouver le symbole à la fois clair et profond est une des caractéristiques de son Art ; non pas le symbole d'essence littéraire et qui nécessite une glose pour être compris, mais bien celui qui, revêtant une forme picturale, ajoute à la beauté de l'oeuvre en même temps qu'à sa clarté.
  Ce don particulier lui permettait aussi de donner aux idées les plus simples ce tour imprévu qui rendait sa conversation si séduisante.
  Par quels détours ce tableau arriva-t-il en Ecosse ? Je n'ai pu au juste le savoir. Toujours est-il que, lors d'une visite que je fis à Edimbourg, je découvris, dans le salon d'un hôtel, une toile qui me rappela cette composition que je connaissais fort bien; mais les dimensions étaient autres : d'oblong en largeur il était devenu oblong en hauteur. Il y manquait des figures.
  Il ne s'agissait pas là d'une réplique; encore moins d'une copie : la main de Merson se reconnaissait tout de suite.
  Renonçant à comprendre, j'allais quitter la

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place lorsque me retournant par hasard, j'aperçus, placé symétriquement en face, un autre panneau de même dimension que je reconnus vite pour le complément du premier.
  Le brave hôtelier écossais ayant hérité, je ne sais comment, de ce tableau ou l'ayant acquis, résolut d'on orner un salon de son établissement. Mais, ne disposant pas de l'emplacement nécessaire et ayant deux parois à décorer, il avait, sans malice, froidement tranché le tableau par le milieu.
  Comme le général d'opérette qui se consolait de voir son armée coupée en se disant que cet accident lui procurait deux armées au lieu d'une, notre homme se félicitait, sans doute, d'avoir trouvé le moyen de décorer, à peu de frais, les deux parois de sa salle.
  Les figures debout restaient à peu près intactes, mais le corps du jeune combattant, étendu sur le tombeau, était séparé, par le milieu, en deux parties. Personne, du reste, ne semblait prendre garde à cette mutilation.
  Merson lui-même, à qui je contais l'histoire se contenta de maudire l'hôtelier en termes

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congrus, pour la forme, et, souriant avec sa bonne humeur coutumière, il parla d'autre chose... Ce qui, de son travail, appartenait au passé ne l'intéressait plus.


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  C'est en cette année 1875 que Merson se maria. Il épousait Elisabeth Contour, originaire de Metz, d'où le désastre de 1870 avait chassé, avec sa famille et avec tant d'autres, leurs amis Pierné et leur tout jeune fils Gabriel, que ses parents, eux-mêmes musiciens, destinaient à la carrière musicale, avec assez de sagesse, il faut le reconnaître. C'est à cette époque que remonte cette amitié qui ne devait que s'accroître entre le peintre et le musicien, tous deux destinés à devenir illustres. Des circonstances tragiques précédèrent le mariage des deux fiancés. Elles ne rendirent que plus profonde et plus douce l'union de ces deux nobles coeurs.
  Merson installait aussitôt son ménage au 115 du boulevard Saint-Michel. C'est là, dans ce vaste et clair atelier, que se scella notre amitié.

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Toussaint COPPOLANI
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