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Luc Olivier Merson, Une noble vie d'artiste par Adolphe Giraldon


portrait de luc-olivier merson
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
Sommaire général
Vie
Oeuvre
Images des oeuvres
Les timbres de France au type Merson
Les timbres étrangers au type Merson

par ADOLPHE GIRALDON, Imprimeurs Frazier-Soye, A. Porcabeuf, PARIS 1929

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C'est là qu'il accomplit ses premières oeuvres, qu'il connut le succès et aussi les difficultés de la vie maternelle. C'est là, dans cette maison, mitoyenne de celle qu'habitaient ses parents, que naquirent ses trois enfants, Madeleine, Frédéric, François. Il y resta près de vingt années remplies d'un labeur sans trêve et n'y connut que des joies.
  En 1893, il alla demeurer rue Denfert où en 1902, un mois à peine après la mort de son père, il avait la douleur de perdre sa chère compagne, elle-même suivie dans la tombe, l'année suivante, par leur fils Frédéric. Sous ces coups répétés, Merson chancela et jamais il ne retrouva, sa joie et l'élan des jeunes années.


*
* *

  C'est au Salon de 1878 que Merson exposa le tableau le loup d'Agubbio, aujourd'hui au Musée de Lille.
  Nous sommes au coeur de la petite ville dont les rues dévalent vers la campagne.
  Le sol est couvert de neige,

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de cette neige italienne qui semble ne tomber qu'à regret et ne demander qu'à fondre sous la caresse d'un soleil toujours proche. L'eau de la fontaine est gelée. Sous la lumière voilée de ce jour d'hiver, le loup, nimbé d'or, vient quêter sa provende que lui offre le boucher généreux, tandis qu'une gracieuse femme, drapée dans son manteau, contemple, avec une quiétude mêlée de respect et d'attendrissement, l'animal miraculeux que son enfant caresse avec confiance.
  Un souffle d'amour et de douceur passe dans cette scène comme l'âme même du Saint d'Assise.
  Les détails véridiques abondent et sont traités avec goût. Rien n'est laissé au hasard. Une même volonté semble avoir guidé la main de l'artiste depuis le premier jet de l'esquisse jusqu'à la touche finale. Quoi qu'on puisse dire de cette extrême précision, elle n'enlève rien ici à la poésie du tableau, mais semble au contraire y ajouter, comme le fait à un sonnet de noble inspiration, la perfection raffinée de la forme.
  Le fameux tableau Le Repos en Egypte fut exposé au Salon de 1879 et, d'emblée, y

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obtint un grand succès. On demanda à son auteur de nombreuses répliques et variantes. La gravure le rendit vite populaire et, après une production si considérable et si variée, Merson reste encore pour beaucoup, le peintre du Repos en Egypte.
  Cette oeuvre, entre autres mérites, témoignait une fois de plus de cette grande intelligence qui, dès le début de sa carrière, s'était affirmée comme une de ses qualités maîtresses. C'est que ce sujet, si rebattu qu'il pût paraître, lui était apparu sous un aspect nouveau, tout à fait imprévu, qui le renouvelait entièrement.
  Sous le ciel clair d'une nuit d'Orient, la Vierge, tenant en ses bras l'enfant divin, repose sous la garde du Sphinx. Une vive lumière émane du divin « bambino ». Le décor, l'heure, la majesté de la scène, l'attitude des personnages, tout concourt à émouvoir le coeur et à charmer l'esprit.
  Il sut encore accentuer ce caractère dans une autre composition inspirée du même thème.
  Là, la Vierge, retenant l'enfant contre son sein, est assise au pied d'un grand bas-relief, à demi enfoui dans le sable du désert.

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. Elle découvre avec une sorte d'étonnement ému, l'Isis égyptienne allaitant son fils Osiris, geste qu'elle-même s'apprête à accomplir. Ainsi par les moyens les plus simples, purement plastiques, la pensée est dirigée vers cette mystérieuse pénétration des deux Légendes religieuses.
  Qu'il s'agisse (pour ne citer qu'une partie de son oeuvre considérable) du Saint Isidore laboureur (1879) au Musée de Rouen; de cet émouvant tableau Saint François d'Assiseprêchant aux poissons plein des plus rares qualités de religieuse et naïve poésie (1881, Musée de Nantes); de l'arrivée à Bethléem, où l'on voit la Vierge, accablée de lassitude, tomber sur la route, en protégeant d'un geste pudique son précieux fardeau (1884, musée de Mulhouse); de ce poétique Angelo Pittore (1884); de ce Je vous salue Marie d'une si blonde, si délicate coloration, avec ses toits de chaume d'or pâle et qui illustre, de façon si imprévue et si claire pourtant, les paroles de l'Ange annonciateur; de l'Homme et la Fortune, heureux mélange de poésie et d'ironie dans un paysage d'une rare délicatesse (1892, collection Descamps-Scrive);

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de l'hommage rendu à la vérité par la poésie, la musique et la science (collection Moisset); de cet autre Loup d'Agubbio qui nous montre le loup faisant sa soumission au Saint, devant la foule étonnée; de cet Ermite du Musée de Nîmes où, dans cette grotte copiée à Saint-Marc-sur-Mer, Merson campe si spirituellement le vieux cardinal revenu des grandeurs de ce monde. Qu'il s'agisse encore de cette chimère expirante (coll. Fr. Merson) dont les ailes, semble-t-il, se sont brisées pour avoir voulu chercher trop haut et trop loin la poésie que, tout près d'elle, la nature lui offrait si généreusement Qu'il s'agisse, enfin, de ses compositions décoratives ou de ses innombrables illustrations, toujours l'ingéniosité la plus personnelle s'allie à la plus profonde poésie, dans un art servi par le plus sûr métier.
  Il sait rendre apparent le sens caché des légendes et des allégories et la fantaisie de son esprit excelle à en renouveler l'aspect traditionnel ou trop connu.
  Les sentiments et les intentions des personnages sont clairement traduits. Leur geste est précis et juste, et le décor, sans inutile archaïsme,

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est toujours inspiré par la nature étudiée aux lieux qu'il connaît et qu'il aime.
  Les détails sont ingénieux, spirituels, sans jamais tomber dans le trivial, même lorsqu'ils confinent à l'espièglerie. Sa facilité de composition tenait du prodige! Il tournait littéralement, par les yeux de son esprit, autour de son sujet qui lui apparaissait tout construit. Il en dégageait au besoin dix scènes différentes, chacune exprimant un nouvel aspect, un autre instant du drame.
  Sans doute ce don n'est-il plus fort apprécié.
  On le méprise même.
  L'intelligence n'est plus très recherchée, ni encouragée et ce dédain, sincère ou affecté, est, au total, fort commode pour certains. Mais, on peut dire, toutefois, qu'à ceux qui en ont conservé le culte ou simplement le goût, Merson a offert de nombreuses occasions de se réjouir.
   Son imagination, du reste, s'exerçait surtout, sur la réalité. C'était elle, aurait-on pu dire, qui donnait le branle à l'invention; la place et l'action imprévues des figures étant le plus souvent dictées par le décor.

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  Celui-ci lui apparaissait meublé des personnages nécessaires à l'action et c'est de cette liaison intime de ces deux éléments de composition que découlait, pour une grande part, son originalité.
  A la campagne, le long des chemins, dans les villages, dans un pauvre intérieur de paysan, le décor lui apparaissait, soudain, comme imposé à lui, pour y placer telle scène religieuse ou historique dont la lecture avait abondamment fourni sa mémoire.
 La forme et la place d'un arbre dans un champ, une fontaine rustique dans un ravin, une masure abandonnée, une place de village, un rocher doré par le soleil levant, un vol d'oiseaux dans un ciel pur, lui suggéraient un tableau complet, dont certain détail qui l'avait frappé ou ému devenait le centre ou la « dominante » : la Vierge, les Anges, les Saints, Jeanne d'Arc, les dieux de la Grèce, ou les héros de la légende prenaient à l'instant la place que commandait le site choisi. L'image se composait d'elle-même sous les yeux de l'artiste. A sa table, ces images, gravées dans sa mémoire, surgissaient à son

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appel dans un accord parfait du décor et de l'action. Il prétendait même que, sur un terrain bien établi, les figures se plaçaient d'elles-mêmes. Remarque profonde qui explique bien des médiocres compositions.
  L'originalité ne serait-elle pas le résultat du choc fortuit, imprévu, entre le « réel » et l'imagination? C'est l'impression particulière que font les choses sur nos sens. Elle n'est pas et ne peut être le seul caprice d'un esprit déréglé.
  Il possédait, à la perfection, ce métier qui permet à l'artiste de se mouvoir sans difficultés dans le monde des formes et des couleurs et de traduire ainsi plus librement sa pensée; ce métier qui, en lui-même, n'est rien, mais sans lequel l'idée reste indécise et nébuleuse, et sans lequel elle ne peut se traduire que par des balbutiements.


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  Tous les procédés lui étaient familiers.
  Une fois, il s'essaye au pastel et tout de suite, en maître, ainsi qu'en témoigne ce portrait de son père, entouré de ses petits enfants, aujourd'hui

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  au Musée de Nantes, que nous reproduisons en tête de ces pages, chef-d'oeuvre de vérité et d'émotion et qui, par certains côtés, s'apparente aux oeuvres les plus modernes. Aucune technique ne lui était étrangère : Décoration murale, tapisserie, vitrail, mosaïque, émail, faïence, illustrations, billets de banque, diplômes, timbres-poste, il a tout abordé avec succès.
  Rappelons, ici, les principaux de ces travaux. Tout le monde connaît les deux panneaux qui décorent les abords de la Cour de Cassation et qu'il exécuta en 1877 : Saint Louis faisant ouvrir les prisons et Saint Louis rendant la Justice. L'ordonnance intelligente des figures, la délicatesse des tons et des valeurs contribuent grandement au charme de ces nobles compositions.
  On voit, au Musée de Nantes, deux ébauches en grisaille : Polyeucte et Pauline, Rodrigue et Chimène où se retrouvent les plus belles qualités de l'artiste.
  A l'église Saint-Thomas d'Aquin, un Saint Louis surmonte l'autel de la chapelle absidiale,

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1888. La très belle esquisse de cette oeuvre appartient au Musée du Luxembourg. C'est ensuite la poétique évocation de Théophile de Viau et la gracieuse scène entre Mlle de Clermont et M. de Melun, deux panneaux qu'il exécute en 1890, à la demande du duc d'Aumale, pour décorer le pavillon de Sylvie à Chantilly.
  L'architecte Bernier, son compagnon de Rome, lui confia pour décorer un des escaliers du nouvel Opéra-Comique, l'exécution de trois vastes compositions.
  Sur une des parois verticales, c'est la Poésie dans l'Antiquité où la grâce des figures drapées de blanc autour de la nymphe à demi éveillée, s'allie si bien à la véridique simplicité du paysage matinal, qu'anime au premier plan un Eros victorieux, inspirateur du poète.


« Lève les yeux, Poète, au ciel où la Chimère »
«A passé. Donne au monde un verbe glorieux »


  En face, cette gaie et vivante composition, cette Musique au Moyen Age où toute son ingéniosité s'est donné carrière dans la plus

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Toussaint COPPOLANI
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