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Luc-Olivier Merson : Document, PETITS PORTRAITS ET NOTES D ART (Pages 265-277), Par Gustave Larroumet.


portrait de luc-olivier merson
Luc-Olivier Merson (1846-1920)
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portrait de luc-olivier merson Luc-Olivier Merson : Document, PETITS PORTRAITS ET NOTES D ART (Pages 265-277), Par Gustave Larroumet.


par GUSTAVE LARROUMET, Ed. Hachette, 1900


Portrait de Gustave Larroumet (1852-1903)Gustave Larroumet
Professeur et littérateur français né à Gourdon, mort à Paris (1852-1903). On lui doit un certain nombre d'études d'histoire et de critique, notamment Marivaux, sa vie et ses oeuvres

LUC-OLIVIER MERSON

  On dit communément que la peinture religieuse est morte, et aussi la peinture mythologique, par l'affaiblissement parallèle de l'esprit classique et de la foi. Les deux sources les plus profondes, où l'art français puisait depuis la Renaissance, seraient taries. En vain l'Institut, l'École des beaux-arts et l'Académie de France à Rome s'efforceraient de les entretenir. Il n'y aurait là que routine attardée et pastiches sans conviction. Nos peintres renonceraient au souvenir et au rêve. Ils achèveraient de se tourner vers le réalisme contemporain. L'esthétique de Courbet, défendant de représenter Dieu et les anges, parce que personne ne les a vus, aurait triomphé.

  Il y a là une double erreur. Dans toute civilisation, la religion et l'histoire sont des éléments trop nécessaires pour que l'art ne leur garde pas toujours une place en rapport avec leur importance. Puis il ne lui suffit pas de copier, il veut créer. Tant que les hommes se souviendront du passé, de leur espèce et méditeront le mystère de leur destinée, ils essaieront de ressusciter les âges morts et de figurer les explications de l'éternelle énigme. La représentation artistique du passé et de l'au-delà change de siècle en siècle, pour traduire l'âme de chaque temps, mais cette âme, sous la variété des formes, conserve le même fond. Naïve et crédule au moyen âge, païenne et savante au xvième siècle, pompeuse et monarchique sous Louis XIV, raisonneuse et " philosophique ", au siècle dernier, la peinture reflète à cette heure l'inquiétude de l'individualisme contemporain. Les peintres qui n'ont jamais touché à l'antiquité et au christianisme sont le petit nombre. Les plus Parisiens ont leurs heures de mysticisme, et nous avons vu M. Jean Béraud changer la butte Montmartre en Golgotha. Parmi les maîtres, presque tous ont mesuré leur talent avec les éternels sujets. Plusieurs l'ont voué tout entier à les reproduire. Une école où figurent Gustave Moreau, Jean-Paul Laurens et Luc-Olivier Merson, n'est pas près de renoncer à la mythologie, à l'histoire et à la religion.

  Comme inspiration et facture, ces trois peintres se ressemblent aussi peu que possible, mais ils ont cette marque commune de représenter chacun une face caractéristique du génie français. M. Gustave Moreau est un penseur et un visionnaire, revêtant les légendes antiques d'une forme éclatante et solide comme une orfèvrerie. M. Jean-Paul Laurens sent le moyen âge avec l'âme ardente d'un Albigeois et tient le pinceau comme une épée. M. Luc-Olivier Merson, Parisien rêveur, insinue l'esprit dans l'émotion et traduit, par une forme délicate et fine comme l'esprit de Paris, un double besoin de tendresse et de sourire. Tantôt il fait alterner l'observation et le rêve; tantôt il les combine avec une exquise mesure.

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  Il fut l'élève de Pils, et l'on peut remarquer à ce sujet que ce maître précis, dont les tableaux d'histoire faisaient penser à M. Gérôme, tandis que ses peintures militaires racontaient la guerre à la façon de Meissonier, a formé deux des talents les plus gracieux de notre temps, Édouard Dantan et M. Olivier Merson. Preuve que l'excellence d'un maître consiste à aider l'éveil de l'originalité; preuve aussi que la justesse attentive trouve partout son emploi, puisque le peintre de l'intérieur d'atelier et celui du Repos en Égypte, l'ont apprise du peintre de la Bataille de l'Alma.

  Olivier Merson serait, je crois, devenu ce qu'il est à n'importe quelle école ; je crois aussi que, prix de Rome, il doit beaucoup à son séjour en Italie. Parisien et fils d'un Nantais, il unit la douceur originelle à la finesse de l'lle-de-France et il aurait pu prendre comme devise les vers de Joachim du Bellay :

Plus me plaist le séjour qu'ont basty mes ayeulx
Que des palais romains le front audacieux;
Plus que le marbre dur me plaist l'ardoise fine;

Plus mon Loyre gaulois que le Tybre latin;
Plus mon petit Lyré que le mont Palatin,
Et plus que l'air marin la doulceur angevine.


  Il dut, au premier abord, se trouver dépaysé, sinon devant Raphaël, au moins devant les toiles ronflantes de ses successeurs romains et bolonais. Il dut admirer les splendeurs des coloristes vénitiens, la poésie profonde et savante du Vinci, le charme voluptueux du Corrège, mais sans la moindre intention de les imiter. Je croirais plutôt qu'il trouva son milieu favori d'art et de nature entre Florence et Assise. Le réalisme délicat et ferme des maîtres florentins satisfaisait une part de sa nature, le besoin de fine justesse, tandis que les horizons nets et doux, harmonieux et fermes, du pays où saint François promena son rêve de tendresse, remplissaient ses yeux et son âme d'images qui n'en sont plus sorties. Aux bords de la Loire et de la Seine, sous le soleil de son pays, il aurait trouvé avec le temps les impressions dont il avait besoin, mais, sans l'Italie, il ne les aurait pas eues aussi promptes et aussi conscientes d'elles-mêmes. Revenu dans son pays, il n'aura qu'à évoquer les souvenirs du Campo-Santo de Pise, des Offices de Florence et du couvent de Saint-Marc, pour consacrer à sa manière la fraternité artistique de l'Italie et de la France. Les qualités françaises, l'âme charmante et forte qui, en poésie, flotte de Marot à Ronsard et de La Fontaine à Racine, cet esprit de rêve et d'ironie, de grâce ferme et de force contenue, achèveront de dégager son originalité.

  Comme tout Romain, il a commencé par sacrifier à la mythologie. Son premier envoi, au Salon de 1867, fut Leucothoë et Anaxandre. Il récidivait avec une Pénélope et un Apollon exterminateur, qui eurent leur succès, mais que lui-même, à cette heure, juge sévèrement. Je demande grâce pour la Pénélope, dont l'attitude est charmante de mélancolie et qui indique déjà la note d'émotion discrète que le peintre va faire vibrer.

  Il ne renoncera jamais tout à fait à l'antiquité et il fera bien. Il avait assez d'esprit pour en tirer des anecdotes amusantes, mais il ne se servira de cet esprit que pour l'insinuer dans l'émotion. Il préférera demander aux sujets anciens des rêves de beauté, comme le Jugement de Pâris et cette idylle que l'on croirait empruntée à un bas-relief sicilien, le Réveil du Printemps, où il montrait une nymphe, délicieuse de grâce juvénile et couchée sous une neige de fleurs, tandis qu'un pâtre ailé, semblable à une statuette de bronze, sonne l'aubade au renouveau. Même lorsqu'il représente l'antiquité familière, comme dans le Sacrifice des poupées, il semble traduire Théocrite. Une autre fois, il se servira d'un thème antique pour symboliser l'héroïsme et la douleur de la guerre, et il en tirera la Bella matribus detestata, page de maître, où s'étend un des plus beaux corps d'éphèbes et où sonne une des plus fières Renommées que nous ait montrés l'art contemporain.

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  Mais, gracieuses ou grandioses, ces toiles ne sont que des intermèdes. Les sujets favoris d'Olivier Merson, ceux qui marquent la vraie suite de sa carrière, sont empruntés au Nouveau Testament et au moyen âge. Il laisse à d'autres les pages sombres de la Bible: il s'éprend des légendes lumineuses dont les "ailes d'or" battent doucement sur le berceau du Christ. Il expose l'Arrivée à Bethléem, l'Annonciation, le Repos en Égypte.
  La première de ces toiles, inspirée par un vieux noël, est exquise d'arrangement. Dans la nuit claire et froide, sous l'étoile qui va guider les rois mages, saint Joseph et la Vierge cherchent un gite, poursuivis par les chiens errants. Le père nourricier, le bâton de voyage à la main, implore en vain une hôtesse revêche. La Vierge est à genoux au milieu de la rue, les mains sur son coeur serré d'angoisse et son flanc où tressaille Dieu.

  De la troisième, exposée en 1879, date pour l'artiste, cette prise soudaine d'admiration et d'émotion qui classe un talent. C'est encore une scène de nuit, dans un clair-obscur d'une infinie délicatesse. La sainte Famille, fuyant en Égypte, s'est arrêtée dans le désert, aux pieds d'un sphinx colossal. La mère dort entre les énormes pattes du monstre et le nimbe divin de l'enfant éclaire la poitrine de granit. Saint Joseph a allumé un maigre feu de broussailles, dont la fumée monte toute droite dans l'air immobile : il dort sur le sable, la tête appuyée aux marches du piédestal, et l'âne débâté broute au bout de sa corde. Le sens du mystère et celui de la vie réelle, la poésie et la vérité, la délicatesse et la fermeté de la touche s'unissent dans cette scène de manière inoubliable.

  Il n'y a ici que de l'émotion. L'esprit a sa part, toute discrète, dans la toile : Je Vous salue, Marie, qui, par la date, est voisine de nous, mais qui, dans l'oeuvre de l'artiste, forme la transition entre les sujets légendaires et ceux de la vie réelle. Au crépuscule, un paysan revient des champs, la faux sur l'épaule, suivi de sa petite fille qui porte une brassée d'herbes, et de son chien. Il passe devant la sainte Vierge debout au bord du chemin et tenant l'enfant Jésus dans les bras. L'homme tire dévotement son chapeau, et la petite fille envoie un baiser à l'enfant Jésus, tandis que le chien, la queue basse, avec la terreur confuse que le surnaturel inspire aux bêtes, se serre contre son maître. Car le groupe divin n'est pas de pierre ou de bois : il est vivant. Par là le peintre a exprimé ingénieusement la foi qui hallucinait les âmes naïves et leur montrait Dieu lui-même dans son image. Cette foi est celle que Villon exprimait dans la ballade qu'il "feit à la requeste de sa mère pour prier Nostre Dame" :

Femme je suis, pauvrette et ancienne,
Qui rien ne sais; oncques lettres ne lus;
Au moustier vois, dont suis paroissienne,
Paradis peinct, où sont harpes et lus,
Et un enfer où damnés sont boullus ....


  Le même sentiment unit la légende et l'histoire dans Angelo pittore, où le peintre a traduit la gracieuse aventure que racontent les biographes de Fra Beato Angelico : le moine s'est endormi de fatigue en peignant la Vierge à la voûte de Saint Marc, et, pendant son sommeil, deux anges continuent son oeuvre. A la vie de saint François d'Assise, Olivier Merson empruntait l'histoire du loup d'Agubbio et celle du saint prêchant aux poissons. L'esprit met un sourire dans ces deux scènes d'émotion. Au bas de l'apparition angélique, un apprenti broie les couleurs avec un zèle important; les paysans qui entourent saint François expriment toute la gamme de l'admiration; le plus étonné est un chien qui tend, pour comprendre, tous les ressorts de son intelligence. Quant à la tête du saint, elle est délicieuse d'extase et de candeur.

  L'histoire et la vérité remplissent la série d'oeuvres où Olivier Merson montre par les côtés touchants ou amusants, d'une noblesse calme ou d'une grâce attendrie, ce moyen âge dont Jean-Paul Laurens se réserve les côtés terribles. Pour la galerie de Saint-Louis, au Palais, il a peint le saint roi, faisant grâce et justice, ouvrant, à son avènement, les geôles du royaume et envoyant au supplice Enguerrand de Coucy. Pour la nouvelle Sorbonne, il a symbolisé la science par une figure drapée et voilée, fille légitime de l'antique Minerve, grave et auguste comme elle. De chaque côté un maître et un étudiant expriment sur leurs visages, illuminés de pensée, l'ardeur d'enseigner et d'apprendre. Cinq figures allégoriques, d'un arrangement ingénieux et clair, symbolisent le Droit, la Médecine, les Sciences, les Lettres et, à côté d'elles, l'école des Chartes, jeune soeur qui prend dans l'édifice la place primitivement réservée à la Théologie.

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  Peintre d'un coloris délicat et fondu, Olivier Merson est un dessinateur vigoureux et fin. Il a donné, pour un conte de Jules Lemaître, l'Imagier, - collaboration bien assortie, car au physique et au moral, il y a quelque ressemblance entre le peintre et l'écrivain, - une série de dix dessins qui présentent par le côté tragique une légende analogue à la gracieuse anecdote de fra Angelico. Pour une revue anglaise, le Harper's magazine, il en a exécuté neuf, figurant la Représentation d'un mystère au XVIè siècle. Ici l'ironie du Parisien qui connaît le théâtre a pu se donner carrière : il faut avoir vu les coulisses pour saisir avec cette vérité les choristes buvant, les machinistes faisant le tonnerre, et surtout l'acteur suffisant, le bon "cabot" , qui, l'oeil distrait, jongle avec son sceptre, tandis que l'auteur lui donne les intonations du rôle.
  Mais, jusqu'ici, l'oeuvre maîtresse d'Olivier Merson, comme dessinateur, est la grande suite de Notre-Dame de Paris, dans l'édition nationale de Victor Hugo. Les deux éléments de sa nature, le don de l'émotion et le goût de l'ironie, y trouvaient la même facilité à se donner carrière, dans la représentation de son cher moyen âge. Il est d'un dramatique poignant dans le meurtre du capitaine Phoebus, et ce doit être ainsi que l'on assassine encore dans les bouges de la place Maubert. Rien ne surpasse la grâce svelte ou le charme douloureux de son Esmeralda. Il est, à ma connaissance, le seul de nos artistes qui soit parvenu à fixer la créature dansante et lumineuse que le poète a rêvée. Il n'y a qu'un Parisien pour saisir avec autant de justesse des écoliers en liesse, des gamins contrefaisant un infirme, deux ivrognes monologuant par les "compites et quadrivies de l'urbe inclyte qu'on vocite Lutèce ".
  Olivier Merson a dépensé des trésors d'invention dans cette suite, mais deux planches entre toutes, une petite et une grande, valent des tableaux. La petite représente la Esmeralda glissant, comme un fantôme, au clair de lune, aussi svelte que les grêles colonnettes, sur la galerie aérienne de Notre-Dame, dans la grande, elle rêve, appuyée contre une poterne, devant Paris endormi. Dans toutes deux, le crayon de l'artiste a retrouvé l'atmosphère limpide et la douce lumière dont il a baigné par le pinceau l'Arrivée à Bethléem et le Repos en Égypte.
  Il me reprocherait assurément comme une injustice si je ne rappelais pas, à propos de Notre-Dame de Paris, le nom de son graveur habituel, M. Géry Bichard. L'alliance forcée qui, pour beaucoup d'artistes, tourne à la torture est pour ceux-ci une entente heureuse. Il faut cette fine pointe pour traduire ce crayon délicat et cette peinture harmonieuse.
  J'aurais à parler encore de Merson décorateur, verrier et orfèvre. Il a exécuté, pour M. Gouin, une cheminée monumentale qui égale les plus riches et les plus beaux types de la Renaissance. Il a peint carton de vitrail, les Fiançailles, exécuté par M. Oudinot, et dessiné une coupe ciselée par le regretté Falize. Ce sont deux chefs-d'oeuvre d'un art, l'art décoratif, auquel ne manqueraient de notre temps ni les artistes ni les ouvriers, si la manie du vieux ne stérilisait, bien malgré eux, les uns et les autres. Mais cette étude est déjà longue et le peintre suffit à la remplir. Je ne pourrais aussi que répéter ce que j'ai dit sur le mélange d'émotion et d'esprit, de finesse et de fermeté, de grâce et de force qui constitue son talent, là comme ailleurs.

  Puis, je dois le montrer encore quittant le moyen âge et descendant tout près de nous avec ses deux grandes peintures de Chantilly. Dans le pare du château, entre une fontaine et un lac, sous de grands arbres, se cache le Pavillon de Sylvie. Sylvie, était le nom que Théophile de Viau donnait dans ses, vers à la duchesse de Montmorency. Le poète reçut asile au fond de ce pavillon, lorsque, en 1626, il fut condamné à mort, pour cause d'irréligion. La duchesse aimait à pêcher dans le lac, ayant près d'elle un cerf privé et entourée de ses dames. Le poète versifiait ce délassement. Un siècle plus tard, en 1724, le pavillon de Sylvie fut le théâtre du roman d'amour de Mlle de Clermont et de de M. de Melun, joliment raconté par Mme de Genlis. Quelques vers de Théophile et quelques lignes de Mme de Genlis ont suffi au peintre pour évoquer, d'un côté, la grâce finissante de la Renaissance, de l'autre, un décaméron brillant, à l'exemple des cercles précieux que Marivaux faisait parler. Il a représenté dans la vérité de leurs costumes les modèles féminins que Watteau avait revêtus de soies changeantes, d'après les actrices de la Comédie italienne.

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  Je me suis efforcé de préciser les caractères du talent d'Olivier Merson, tels que je les vois. Il en est deux qui sont essentiels et que je dois marquer encore en finissant.

  Merson a l'esprit, la qualité française par excellence, non pas seulement l'ironie légère et gaie, mais l'adresse ingénieuse, l'habileté probe, l'aisance distinguée ; l'esprit, essence subtile, qui peut se mêler à tout et relever tout, qui fut longtemps commune dans notre pays, mais qui, ce semble, devient plus rare. Toujours ses personnages parlent et l'on devine leur pensée, alors que tant de figures, peintes par des peintres d'ailleurs fort habiles, ne disent rien, parce que l'artiste manque d'esprit.

  Puis, Olivier Merson a cette excellence de la facture qui en art n'est pas tout, mais sans laquelle il n'y a point d'art. Il dessine et il peint avec une sûreté qui devient rare en peinture, comme l'esprit en toutes choses. Il maintient pour sa part ces qualités françaises de justesse et de mesure dont nous ne sentons plus assez le prix.

  Au total, il est poète, puisqu'il rêve et qu'il crée. En France, si l'esprit a toujours abondé, la poésie n'a jamais été commune. Elle ne l'est pas même aujourd'hui, où, s'il faut en croire nos marchands d'orviétan, elle nous arriverait à flots de l'étranger. Je préfère encore la trouver dans notre race et sur notre sol.

Décembre 1897.



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Toussaint COPPOLANI
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