AÉROSTATION - Sur un appareil d'hélice à nacelle, emporté par un ballon qui s'est élevé de Paris le 9 janvier.
Lettre de M. Labrousse à M. le Président.
« En attendant que je puisse envoyer à l'Académie une Notice descriptive sur mon appareil d'hélice de nacelle, le ballon porteur de cet appareil est parti cette nuit,
je vous adresse quelques détails sur les circonstances de ce départ.
« Le ballon le Duquesne, de 2000 mètres cubes, est parti ce matin, à 3h 15m, des ateliers de M. Godard, à la gare d'Orléans,
armé de l'appareil d'hélice en question, construit par les ordres de M. Dorian, Ministre des Travaux publics.
« Le vent emportait directement à l'est, c'est-à-dire chez les Prussiens,
avec une vitesse approximative de 4 mètres par seconde : c'est pourquoi on a recommandé aux hommes de faire agir les hélices de manière à pousser
le ballon dans la direction du sud :
L'impression des personnes présentes a été que le ballon gagnait en effet notablement dans cette direction :
Il faut donc espérer qu'au lieu de tomber chez les Prussiens, il viendra tomber dans les environs de Besançon, peut-être en Suisse.
« Des expériences poursuivies en ce moment même, par ordre du Ministère des Travaux publics et par les soins de M. Mangon,
ingénieur en chef des ponts et chaussées, établissent qu'un ballon de 2000 mètres exige un effort d'environ 7 kilogrammes pour parcourir 1 mètre par seconde.
Les hélices du Duquesne, manoeuvrées par trois hommes, exercent sur la nacelle qui les porte une traction moyenne,
mesurée directement, d'environ 9 kilogrammes.
Le ballon prendra donc facilement une vitesse relative de 3 ou 4 kilomètres à l'heure, il pourra revenir sur Paris, s'il part, dans de bonnes conditions, d'une ville convenablement choisie.
Du reste, la simplicité du système, la facilité de l'établir à peu de frais,
la possibilité de l'adapter aux ballons ordinaires, permettront, je l'espère, de multiplier ainsi les essais de voyage de retour sur Paris, si précieux dans certains moments. «
in Compte rendu de l'Académie des Sciences, 1871, Ier Semestre (T. LXXII, No 2.) |