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Les Ballons Montés : LA VILLE D'ORLEANS


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33. - LA VILLE D'ORLÉANS (2.000 m. c.).
Départ de la Gare du Nord le 24 Novembre, à 11 h. 40 du soir.
Atterrissage des navigateurs le 25 Novembre, à 2 h. 25 de l'après­midi, au Mont Lid, à 90 kms. S. de Krodsherred (Norvège) où le ballon désemparé s'arrêta, et à 65 kms. N.-O. de Christiania.
Distance de Paris: 1.305 kms. (De Paris à la mer 297 kms.
Parcours en mer 783 kms, en Norvège 225 kms).
Aéronaute: P. Rolier.
Passager: L. Bézier.
Poids du courrier: 250 kilogs.
Historique. - Le rapport dressé par M. L. Bézier et adressé à son commandant, M. Pierre Deschamps à Bordeaux, en date du 24 Décembre, relate les péripéties de ce voyage. Après le départ, le ballon se dirige vers le Nord Nord-Ouest, en direction de St-Valery-sur-Somme; il navigue à 800 mètres, mais remonte 2. 1.200 mètres pour se mettre à. l'abri des balles.
A minuit et demi, il est à 1.400 mètres, et à 1 heure il se maintient à 2.700 mètres.
A 2 h. 20, la brume s'étend sous le ballon et fait perdre la terre de vue.
A 6 Il: 15, le ballon est à 1.400 mètres. Il navigue au-dessus de la mer, aucune terre n'est en vue.
A 6 h. 30, le vent pousse au Nord; aucun instrument ne permet de faire le point.
A 11 h. 30, même altitude; la vitesse du ballon est telle que les navires ne peuvent le suivre. Descente à 120 mètres, le guide-rope est jeté.
A 11 h. 45, un navire aperçoit le ballon et tire un coup de canon d'alarme.
A 11 h. 55, une goëlette norvégienne signale le ballon et manœuvre pour lui porter secours.
M. Rolier ouvre la soupape, le ballon descend à quelques mètres au-dessus de la mer. Sa vitesse est telle, que pendant les trois minutes que dura sa descente, il se trouve à 8 kms. du navire.
Pour remonter, il jette par dessus bord un sac de 60 kilogs dedépêches, qui fut recueilli par la goëlette.
Le ballon reprend de l'altitude et atteint 3.700 mètres.
Il est minuit 20. Le froid est intense, le givre tombe d'une façon continue.
Se croyant perdus, les deux navigateurs décident de faire sauter le ballon, mais aucune allumette ne voulut prendre.

A 2 h. 20, le ballon descend rapidement. Après un premier atterrissage manqué, Rolier et Bezier se laissent tomber de 25 mètres dans la neige épaisse. Ils étaient sauvés, mais ballon, dépêches, vivres et pigeons étaient perdus. Ils se trouvaient au Mont Lid (Vendredi 25 Novembre)
Le voyage avait duré 14 h. 20.
Après des péripéties multiples, ils arrivèrent à Sillegjord, puis à Drammen, où ils apprirent que leur ballon avait été retrouvé, ainsi que le courrier, à Krodsherred.
Ils gagnèrent Christiana, s'embarquèrent pour Londres, d'où ils devaient gagner St-Malo, puis Tours, où ils arrivèrent le 8 Décembre.
Le sac postal qui avait été recueilli en mer fut envoyé en Angleterre par l'entremise de notre agent consulaire à Mandal.
Les autres sacs furent dirigés de Christiania sur la France, via Londres.
Plis datés des 21, 22, 23 et 24 Novembre, avec cachets d'arrivée du 2 au 25 Décembre.
Ils ne doivent porter aucun cachet norvégien puisqu'ils ont été réexpédiées sans que les sacs aient été ouverts.

Les correspondances sont de deux sortes:
1) Celles qui ayant séjourné dans l'eau de mer (10 à 15% environ), sont privées de leur timbre d'affranchissement. Elles sont en général revêtues soit de la griffe encadrée p p apposée le plus souvent en noir, quelquefois en rouge, soit du chiffre-taxe 30 ou de ce même chiffre abrégé 3 et manuscrit, apposés l'un et l'autre par erreur.
Nous avons trouvé également la grande griffe PD noire, encadrée,sur une lettre qui portait la trace de l'affranchissement antérieur.
Sur les nombreux plis « accidentés » que nous avons examinés, nous avons relevé les dates de départ des 23 et 24 Novembre à l'exclusion des dates antérieures.
Elles ne semblent pas en général avoir été distribuées avant le 10 Décembre. Nous avons rencontré le 6 Décembre sur une lettre adressée en Belgique.
Nous avons trouvé comme date extrême le 10 Janvier 71. Le séchage des lettres a dû prendre un certain temps.
20 Celles provenant des sacs recueillis à Krodsherred. La date de distribution la plus rapprochée est le 2 Décembre pour les lettres adressées à Londres. Nous avons vu le cachet du 3 Décembre sur deux documents à destination de Bru.xelles et de Jersey. Ceci prouverait que les sacs ont été ouverts en Grande-Bretagne aux fins de répartition et de retransmission soit directe, soit sur la France. Il semble bien que cette hypothèse puisse être admise ; elle est d'ailleurs confirmée par les dates de remises plus ou moins tardives.
La recherche et l'étude de ces documents sont des plus passionnantes.


in. J. LE PILEUR : La poste par ballons-montés (1870-1871), pages 118-119 Yvert et Tellier, 1943



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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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