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«La revue colombophile» - janvier 1893

La poste, par pigeon pendant le siège de Paris

Comme suite à la biographie de M. Derouard, voici, sur l'organisation de la poste par pigeons pendant le siège de Paris, quelques notes qui se rattachent à la noble mission qu'ont si bien remplie l'honorable président de la Fédération de la Seine et les colombophiles parisiens. Nous l'empruntons à un intéressant tableau édité par M. A. Brissonnet de Paris.

Avant l'investissement de Paris, 1100 pigeons voyageurs furent confiés à M. Casimir Derodde, par les sociétés colombophiles de Tourcoing et de Roubaix, qui les remit au muséum d'histoire naturelle qui les lâcha successivement, avant l'installation des ballons, et qui portèrent des dépêches dans les villes du nord de la France. Le 14 septembre, M. Eugène Delâtre, préfet de la Mayenne, avait expédié au gouvernement 35 pigeons voyageurs, fournis par les habitants de Laval, qu'on lâcha successivement pendant la première quinzaine de septembre.

Il existait à Paris, bien avant la guerre, une société colombophile, la société l'Espérance. Quand les premiers ballons du siège s'élevèrent dans les airs, les membres de cette sociétés songèrent a leurs pigeons. «Les ballons s'envolent, disaient-ils, mais qui nous donnera de leurs nouvelles ? Qu'ils enlèvent avec eux nos pigeons ; ceux ci se chargeront bien de revenir.» Le 25 septembre, 3 pigeons, appartenant à M. Van Roosebecke, vice président, partaient dans le ballon Ville de Florence ; six heures après ils étaient revenus à Paris avec une dépêche signée de l'aéronaute Gabriel Mangin, qui annonçait sa descente près de Mantes : la poste par pigeon était créée. 363 pigeons, appartenant :

62 à
Prosper Derouard
21 à
Bègue
14 à
Pichon
4 à
Vandenleuvel
52 à
Cassiers
20 à
Laurent
12 à
Tétart
4 à
Seambaert
32 à
Van Roosebecke
19 à
Balmy
11 à
Caillat
3 à
Peters
27 à
Nobécourt
18 à
Vauris
11 à
Deshayes
2 à
Bocheron
24 à
Traclet
18 à
Goyet
7 à
Perjeaux
2 à
Janody


Ont été emportés de Paris en ballon et furent lancés de Dreux, Tours, Montdidier, Roye, Blois, Vendôme, Jossigny, Orléans, Nogent-le-Rotrou, Gournay, le Havre, Saint Pierre-des-Corps, Châtellerault, les Ormes et Poitiers.
4 sont rentrés en septembre, 18 en octobre, 17 en novembre, 12 en décembre, 3 en janvier et 3 en février, total : 57. Le froid intense qui paralysait les pigeons et la neige qui couvrait la terre, ont créé de sérieuses difficultés pour leur retour.  95 000 à 10 000 dépêches ont été envoyées à Paris avant l'Armistice. Chaque pellicule était la reproduction de 12 à 16 pages in-folio d'imprimerie, contenant en moyenne 3 000 dépêches. La légèreté de ces pellicules a permis à l'administration d'en mettre sur un seul pigeon jusqu'à 18 exemplaires, donnant un total de plus de 50000 dépêches, pesant ensemble un demi gramme. Les 115000 dépêches officielles et privées, faite par M. Dagron, pendant l'investissement de Paris, pesaient en tout un gramme. On roulait les pellicule dans un tuyau de plume, qu'on attachait à la queue du pigeon. Lorsque rien n'entravait le vol de ces intéressants messagers, la rapidité de la correspondance était vraiment merveilleuse ; en voici un exemple : Le 18 janvier, M. Dagron demanda, par pigeon, du coton azotique à MM. Poulenc et Vitmann, à Paris. Le 24 janvier, les produits étaient rendus dans ses ateliers à Bordeaux, le pigeon n'avait mis que 12 heures pour franchir l'espace de Poitiers à Paris ; la télégraphie ordinaire et le chemin de fer n'eussent pas mieux fait.
Il est parti de Paris 66 ballons, emportant 168 personnes, 10 194 kilogrammes de lettres ou bien 3 000 000 de lettres, 363 pigeons et 5 chiens, chargés de rentrer à Paris avec dépêches et deux caisses de dynamite.
52 ballons tombèrent en France, 5 en Belgique, 4 en Hollande, 2 en Prusse, 1 en Norvège ; 2 ont été perdus en mer ; 18 tombèrent dans les lignes ennemies, dont 5 furent faits prisonniers.

(Document aimablement fourni par Jean-Marie Derouard). 

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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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