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Ballon N° 32 : « L'Egalité »
Caractéristiques Volume : 3000 m³
Aéronaute : Fonvielle, Wilfrid de
Date de départ Mercredi 23 Novembre 1870 (66 ème jour du Siège)
Lieu de départ Usine à gaz (Vaugirard)
Heure de départ 11h
Date d'arrivée 23 Novembre 1870
Lieu d'arrivée
Louvain (Belgique)
Heure d'arrivée 14h15
Durée du vol 3h15
Kilomètres parcourus 225 km
Passagers Villantrais, Dubreuil, Bunelle, Rouzé
Histoire « Le 23 novembre M. W. de Fonvielle devrait quitter Paris en ballon, et il fit demander, le matin aux membres du gouvernement, des dépêches officielles à emporter ainsi que des sacs de dépêches privées. Mais le tout lui fut refusé, sous le prétexte que, voulant partir de jour, il serait infailliblement pris par les Prussiens. Rolier partant la nuit suivant recevrait, fit-on répondre à M. W. de Fonvielle, le dépôt officiel des messages du gouvernement.
Il arriva tout le contraire de cette prévision. La Ville-de-Florence¹ alla tomber dans des régions hyperboréennes, perdant toutes ses lettres et dépêches, tandis que le ballon de M. W. de Fonvielle descendait tranquillement, le 24 au matin, hors des lignes prussiennes.
Quand il raconte ce triste et fatal épisode de l'histoire des ballons du siège de Paris, et ses conséquences désastreuses pour la France, M. W. de Fonvielle blêmit encore, d'un désespoir patriotique. »
¹ L'auteur confond la Ville-de-Florence et la Ville-d'Orléans
Voir ce document Les merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes par Louis Figuier, 1891, (pages 624-636)


Le récit de Wilfrid de Fonvielle :
"Quand l'opération fut terminée écrira de Fonvielle, je fis monter dans la nacelle mon lieutenant. Bunelle ancien employé d'agent de change, puis mes trois passagers, M. de Villoutray, officier en retraite, Rouzé, courtier de commerce au Havre et M. J. Dulud négociant dont une des principales rues de Neuilly porte son nom. Je fis procéder à l'équilibrage, apres avoir fait monter dans la nacelle un matelot pour représenter mon poids. Dès que je me fus assuré que tout était en ordre, je fis descendre cet homme et je m'embarquai J'enroulai autour d'une des cordes qui descendaient du cercle un grelin dont plusieurs matelot tenaient le bout de terre. Alors je donnai l'ordre de laisser filer le ballon jusqu'à ce que la nacelle fût au niveau de la tête des spectateurs dont le nombre s'élevait à plusieurs milliers car j'avais prié le directeur d'ouvrir les portesde l'usine à gaz toutes grandes et de laisser entrer le public librement. J'expliquai à la foule qui m'écoutait que si je partais à 11 h 30 c'était afin de démontrer d'une façon irréfutable qu'il n'y avait aucun danger à courir si l'on se tenait à une distance suffisante de l'ennemi. et que l'administration des postes perdait la République en persistant à organiser des départs nocturnes conduisant infailliblement à des désastres aéronautiques. Je protestai au nom de la logique et de l'humanité contre le décret de M de Bismarck assimilant les aéronautes à des espions. Alors je déroulai le grelin et le ballon parti lentement au cri de "Vive la République ! " que je lançai le premier dans l'air et qui fut répété par l'equipage du ballon ainsi que par toute l'assistance. Le vent était assez. faible mais il ne tarda pas à s'accentuer surtout dans la région supérieure de l'air où nous pénétrâmes bientot car je m'élevai à plus de 2000m d'une facon graduelle. J'avais choisi l'usine de Vaugirard comme point de départ, parce que j'attendais le vent du Sud-ouest pour atterrir en Belgique. De plus je voulais avoir à ma disposition tout le temps nécessaire pour me trouver hors de portée lorsque mon ballon flotterait au dessus des lignes ennemies. C'est donc avec dédain et un sécurité parfaite que nous entendimes éclater une canonnade Nous supposions que le vent nous avait conduits sur quelque campement allemand. Nous nous trompions. Ce bruit parvenait, hélas du dernier bombardement de La Fère. Les passagers avaient étalé leur carte et suivaient avec un intérêt facile à concevoir la trajectoire du ballon. Ils reconnurent ainsi différentes places fortes à l'aide desquelles la vaillante armée du général Faidherbe accomplissait déjà des prodiges. Bientôt nous entendime le sifflement des locomotives. C'était un signe certain que l'étranger n'avait pas encore dévasté notre belle partie de notre France. Nous pouvions interrompre notre voyage. Mais je tenais à descendre en Belgique afin d'avoir l'occasion d'adresser la parole à une nation étrangère amie de la France et que l'Allemagne cherchait à circonvenir. Lorsque nous nous aperçûmes que nous nous trouvions entre Bruxelles et Louvain, cl assez près de cette ville où se trouve la célèbre université, je commençai a jouer de la soupape. Le ballon mit quelque temps à obéir, parce que l'étoffe s'était formée en parachute. Lorsqu'il se décida à descendre, il le fit à une vitesse vertigineuse.
D'autre part, le vent avait fraichi. Il soufflait presque en tempête. Nous traversâmes successivement deux forêts dans une desquelles l'ancre mordit. Mais notre force vive était si grande que la cordé d'ancre rompit. Nous nous trouvions dans uni vaste plaine, filant à une vitesse si grande que des cavaliers qui cou raient après nous ne purent nous atteindre. Je dis aux passagers et au lieutenant de se cramponner de toutes leurs forces à la corde de soupape. La nacelle s'était renversés de telle manière qu'un bord traînait à terre. Deux des quatre cordages qui attachaient la nacelle à un petit cercle d'acier passaient au-dessus de nos têtes. M'armant d'Uri coutelas que j'avais prépare, je les tranchai, l'un et l'autre, en moins d'une seconde. Soulagée, l'étoffe se souleva brusquement et se déchira tout le long de la corde de soupape. Le ballon s’arrêta net aux applaudissements de tous les témoins de notre descente qui étaient fort nombreux. Nous nous trouvions à Berthem a 5 km à l'ouest de Louvain. On nous conduisit en triomphe avec notre ballon que je n'avais pas eu la peine de dégonfler, a l'hôtel de la Cour de Mons. Les passagers et les pigeons étaient indemnes. Le lieutenant et moi en étions quittes avec quelques écorchures insignifiantes. Il était 2 h 15, et nous nous trouvions a 330 km de Paris, distance. parcourue en cent soixante-cinq minutes... Le soir, je faisais une conférence à laquelle les étudiants de l'université de Louvain assistaient en grand nombre et où je célébrais de mon mieux l'héroïsme de la Ville Lumière et l'intérêt que toutes les nations civilisées devaient prendre au succès de notre noble cause, car c'était pour conquérir une paix honorable que la République faisait la guerre à outrance. "
Documents
Wilfrid de Fonvielle
Wilfrid de Fonvielle
Nbre de pigeons 12 pigeons  Plus d'infos sur les pigeongrammes (Plus d'infos sur les pigeongrammes)
Plis transportés

Plis confiés :

  • Le Havre, Losange 627 (25 au 26 novembre)
  • Fresnes-en-Wöevre, Losange 1589 (26 novembre)
  • Fécamp, Losange 1478



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Toussaint COPPOLANI
Toussaint COPPOLANI

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